Terre d’Afrique
Le 6 août 2003
Des siècles d’Afrique dans la capitale portugaise. Une enquête originale et engagée.
- Auteur : Jean-Yves Loude
- Editeur : Actes Sud
- Genre : Roman & fiction
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La voix d’une comédienne qui disparaît soudainement d’un cours de portugais à distance : il n’en faut pas plus à Jean-Yves Loude pour rejoindre la capitale portugaise et mener son enquête. Laquelle va prendre d’autres pistes. Rien d’étonnant : "Je sais, pour avoir déjà flirté avec elle, que Lisbonne est une ville habile à dérouter la réalité, propice aux songeries, et dès cet instant, alerté, j’en suis à compter les signes perceptibles d’une dérive imminente." Une dérive qui le conduit, en pensées, jusqu’au Cap Vert, en Angola, au Mozambique. Car la voix qui l’a entraîné au Portugal est celle d’une femme qui entendait modifier le contenu des leçons, afin de raconter les siècles d’esclavage portugais et l’influence, passée et présente, des Africains sur leur terre d’exil. Une intention peu partagée par l’éditeur du cours, mais qui va passionner l’écrivain-ethnologue français, bientôt coupable de "monomanie avancée".
Suivant une guide mystérieuse, interrogeant livres et tableaux, rencontrant les "nouveaux découvreurs" (journalistes ou artistes africains), prenant son temps, Jean-Yves Loude dresse un portrait riche en détails (un peu trop parfois pour le "non-monomaniaque"), sensible, chaleureux et érudit de "la ville noire". Cette Lisbonne qui a eu jusqu’à dix pour cent de Noirs parmi sa population. Qui, comme le relève Aristide Teixeira, ancien candidat à la présidence portugaise, ne veut pas de "l’Africain agronome, avocat, banquier, médecin, journaliste" et qui, "même dans les émissions de variétés" à la télévision, "ne compte pas de Noirs dispersés dans le public". Qui célèbre le fado dans une maison du même nom où les Noirs et les mulâtres du Brésil, "au début du voyage" pourtant, sont absents. Mais cette Lisbonne qui est aussi, selon Brassalino, journaliste né à Sao Tomé, "une terre humaine, très bonne, très mauvaise, où vivent des Portugais, qui forment le plus humain des peuples, c’est-à-dire composé des pires éléments et des meilleurs individus". Lisbonne qui reste surtout "une étape appréciable entre l’Afrique et l’Occident, un pont, une transition".
Jean-Yves Loude, Lisbonne, dans la ville noire, Actes Sud, coll. "Aventure", 2003, 314 pages, 23 €
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