Le poète s’amuse
Le 10 septembre 2003
Un album patchwork qui rassemble toutes les facettes artistiques de Murat. Joli coup de poker.
- Artiste : Murat, Jean-Louis
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Un album patchwork qui rassemble toutes les facettes artistiques développées par Murat depuis quinze ans. Joli coup de poker.
Après quelques expériences acoustiques et d’autres plus électros, après un passage dans le groupe Trash Palace et une apparition sur le disque du groupe Holden, Jean-Louis Murat revient avec Lilith, un album sobre et dépouillé. Lilith, c’est d’abord un double CD de 23 titres. Car Murat est extrêmement prolifique. Elle n’est pas si loin l’époque où il abreuvait ses fans d’inédits en mp3 via son site, cette même époque durant laquelle il appelait à boycotter les distributeurs, croyant dur comme fer à l’avènement de l’Internet en matière de diffusion de la musique entre artistes et consommateurs. Tout cela semble bel et bien terminé. Désormais, les albums de Murat sont munis d’un système anti-copie... Mais ceci est une autre histoire.
Lilith s’appuie une formation rock classique, le trio guitare/basse/batterie. Fin de la collaboration avec le compère de toujours, Denis Clavaizolle, c’est au tour de Fred Jimenez, bassiste d’AS Dragon, d’assister Murat. Et l’affaire a été bouclée en quatre jours, l’intégralité ayant été enregistrée dans des conditions live. Le résultat est un beau patchwork comme seul ce chanteur atypique continue d’en produire. Il alterne ballades aux résonances folk (le superbe Revolver du désir), morceaux agressifs (Les jours du jaguar), renoue avec les envolées oniriques de ses débuts (Se mettre aux anges) en passant par des sons très 70’s, comme en témoigne le premier single baptisé Le cri du papillon à la rythmique très funky. Le triple vinyle pressé en même temps que le CD est aussi là pour nous rappeler les belles années de la musique expérimentale.
Le tout est servi par des textes à l’atmosphère de plus en plus bucolique. Depuis longtemps, Murat est grandement inspiré par les chansons de gestes et les thématiques de l’amour courtois. Inspiration très chevaleresque donc ("Qui est cette fille d’où vient cet émoi / ce diamant qui brille à l’entrecuisse de la joie"), soupirs malheureux d’amant éconduit (L’absence de vraie vie). Et quand Murat écrit La maladie d’amour, celle-ci "apprend à ne jurer de rien". Lilith est construit en forme de concept album, comme une boucle autour de laquelle les instruments s’affolent et les mots s’animent. Ultime hommage à la femme vénéneuse, après Dolorès et Madame Deshoulières. Une image féminine à double tranchant, séduisante et destructrice. Un très bel album qui témoigne du chemin parcouru depuis plus de quinze ans par un artiste de plus en plus inclassable. Et, du même coup, indispensable et unique.
Jean-Louis Murat, Lilith, Labels (Double CD ou Triple vinyle)
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