Critique : On se laisse entraîner si facilement qu’on se demande pourquoi tous les romans ne possèdent pas cette force. Cette espèce de magie indescriptible qui transforme les mots en un chant sans fausses notes, en une mélodie absolue. C’est par hasard que Jimmy entre dans une librairie et reconnaît le propriétaire. Il s’agit de Jack, un écrivain célèbre. Mais vieillissant, fatigué... Perdant un peu la boule. Atteint de la "maladie d’Eisenhower"... Jack va immédiatement voir dans ce jeune homme quelqu’un capable de lui succéder.

Alors, il va lui offrir la gestion de la librairie, lui apprendre à traduire un texte, à trouver le mot juste et percutant. Lui apprendre à ouvrir les yeux sur le monde et à travailler son style. Comme un entraîneur, lui expliquer comment faire pour trouver "la petite poussée"... L’envoyer à Paris, sur les traces de Hemingway. Et, à l’occasion, sur le chemin du célèbre écrivain en vogue, adepte des médias, "Philippe Rollers". Et il y a la belle Mistassini, sœur et muse de Jimmy. Celle qu’il chérit comme une femme et pour laquelle il s’inquiète comme un père.

C’est une histoire d’amours. Amour des livres, amour de l’écriture, amour des écrivains, amour de l’autre... Et quelle fluidité de l’écriture ! Les influences littéraires de Jacques Poulin sont clairement évoquées dans son roman et l’on peut dire qu’il s’inscrit dans la droite ligne de ses maîtres. Comprenez Carver, Salinger, Hemingway ou Stevenson. A n’en pas douter, les amoureux des mots liront à deux fois ce roman, plein de conseils on ne peut plus justes. Quant à savoir si l’auteur a respecté "Les 10 commandements de l’écrivain" décrétés par le vieux Jack (en écho aux droits du lecteur rédigés par Pennac [1]), à vous d’en décider. Mais il semble que cela ne fasse aucun doute !