Le 17 novembre 2020
- Scénariste : Francesca Mannocchi>
- Dessinateur : Gianluca Costantini
- Genre : Document
- Editeur : Rackham
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 1er octobre 2020
Cette bande dessinée de reportage se met à hauteur d’hommes pour nous donner à voir les multiples ressorts de la tragédie libyenne depuis la chute du dictateur Mouammar Kadhafi.
Résumé : Au travers de rencontres effectuées sur le terrain, la journaliste d’investigation italienne Francesca Mannocchi brosse un portrait de la société libyenne à travers les yeux de ses habitants, de leur quotidien et de leurs souvenirs. L’ancien détenu Hussein raconte l’enfer des prisons libyenne sous Kadhafi, le « passeur » Hafed décrypte de l’intérieur le système économique juteux du trafic d’être humains, et l’on découvre – avec stupeur – les malheurs de la migrante érythréenne Wered tombée de longs mois sous la coupe de Daech. Les récits successifs de ces tranches de vie confèrent un portrait de la vie dans la Libye de l’après-Kadhafi et de ses nombreux problèmes : trafics d’armes et d’êtres humains, gestion des milices, corruption à tous les étages de la société, système bancaire défaillant, situation de guerre civile…
L’intervention en 2011 de la coalition internationale – emmenée notamment par la France – pour soutenir les révolutionnaires libyens, lesquels, se sont soulevés dans le contexte des « Printemps arabe », a précipité la chute de Mouammar Kadhafi. Si cette intervention a mis fin à une terrible dictature – le premier récit de cette bande dessinée suffira à lui seul à convaincre le lecteur de la cruauté du régime Kadhafi –, la situation politique en Libye est restée profondément instable. L’essentiel du pouvoir revient à des milices surarmées qui reposent sur un fonctionnement tribal, quand les terroristes de Daech ont mis la main en 2014 et 2015 sur plusieurs villes du pays, dont Syrte, avant d’en être chassés quelques mois plus tard.
L’intérêt majeur du livre de Francesca Mannocchi et du dessinateur et militant des droits de l’homme Gianluca Costantini est de faire ressortir toute la complexité de la situation politique et sociale libyenne. Loin des jugements à l’emporte-pièce sur les migrants ou la population, les auteurs mettent au jour les fondements du système libyen qui fonctionne essentiellement sur l’économie informelle, les relations tribales et les trafics tandis que l’État est incapable d’assumer ses fonctions régaliennes. Les récits questionnent également les contradictions et les renoncements coupables des démocraties occidentales qui n’observent la situation qu’au seul prisme de la peur de l’immigration de masse.
- Francesca Mannocchi – Gianluca Costantini / Rackham pour l’édition française
Si elle est allée à la rencontre des Libyens, Francesca Mannocchi s’efface pour mieux faire ressortir les parcours de vie des personnes qu’elle a interrogé, à l’inverse d’un Joe Sacco (Palestine) ou d’un Nicolas Wild (Kaboul Disco) qui se mettent en scène. La succession et la dureté de ces récits font de Libye un livre à la fois saisissant et difficile, qu’il faut prendre le temps de digérer. Libye met sous les yeux du lecteur des drames humains ainsi que la violence et la peur auxquels sont confrontés les habitants d’un pays malade. Le dessin au trait noir sobre et précis de Gianluca Costantini correspond parfaitement aux exigences de ce genre. Sans édulcorer le propos, le dessinateur épargne au lecteur des scènes qui pourraient être insoutenables.
- Francesca Mannocchi – Gianluca Costantini / Rackham pour l’édition française
Libye nous éclaire avec gravité et humanité sur la situation sociale et politique dans ce pays depuis la chute de Kadhafi. Les auteurs trouvent le ton juste pour narrer les drames humains qui se jouent et les angoisses des Libyens. Une lecture difficile et captivante.
144 pages – 19 €
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