Le 16 août 2023
Un polar élégant et efficace, mais on était en droit d’attendre plus d’originalité de la part de l’auteur de Shame.
- Réalisateur : Steve McQueen
- Acteurs : Michelle Rodriguez , Viola Davis, Robert Duvall, Colin Farrell, Jon Bernthal, Daniel Kaluuya, Cynthia Erivo, Elizabeth Debicki
- Genre : Thriller, Film de braquage
- Nationalité : Américain, Britannique
- Distributeur : Twentieth Century Fox France
- Durée : 2h09mn
- Date télé : 30 juin 2024 23:05
- Chaîne : OCS Max
- Titre original : Widows
- Âge : Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
- Date de sortie : 28 novembre 2018
Résumé : Chicago, de nos jours. Quatre femmes qui ne se connaissent pas. Leurs maris viennent de mourir lors d’un braquage qui a mal tourné, les laissant avec une lourde dette à rembourser. Elles n’ont rien en commun mais décident d’unir leurs forces pour terminer ce que leurs époux avaient commencé. Et prendre leur propre destin en main…
Critique : Coécrit par Gillian Flynn, la scénariste de Gone Girl, Les veuves est adapté d’une série britannique éponyme créée par Linda La Plante, dont Steve McQueen ne ratait aucun épisode lorsqu’il était adolescent. On aurait donc tort d’y voir une commande de studio d’autant plus que c’est le réalisateur lui-même qui a contacté les producteurs pour mener son projet. Auréolé du succès critique de Twelve Years a Slave, puissant récit sur l’esclavage, et Oscar du meilleur film, McQueen a ainsi mis toute son énergie pour se lancer dans cette œuvre qu’il a considérée comme un hommage à des personnages féminins. Bien qu’il décrive le parcours de femmes amenées à commettre un braquage, le métrage n’a rien à voir avec la veine parodique du calamiteux Ocean’s 8, et s’en démarque au contraire par une audacieuse noirceur, sans atteindre toutefois celle de ses trois premiers films, mais tout en y étant rattaché de par la psychologie des personnages. La détermination de Veronica (excellente Viola Davis), prête à tout pour régler sa dette, fait en effet écho à l’obstination de Bobby Sands dans Hunger, l’obsession de Brandon dans Shame, ou le combat pour sa dignité de Soloman dans Twelve Years a Slave.
- Copyright 20th Century Fox
Le panel sociologique des quatre braqueuses offre en outre de beaux portraits de femmes, de la syndicaliste enseignante ignorant tout un pan de la vie de son époux à l’immigrée polonaise que sa propre mère pousse à la prostitution, un glaçant affrontement entre ces deux dernières n’étant pas sans évoquer l’ascendant de Jane Marken sur Simone Signoret dans Manèges d’Yves Allégret. Élégant, sobre, sans abus d’effets spéciaux ou de roublardise de montage (hormis la séquence de hold-up introductive), Les veuves est un thriller élégant et bien écrit, qui a aussi le mérite de faire de la ville de Chicago un protagoniste à part entière de la narration : « Les personnages sont nombreux et se situent dans des zones aussi différentes que Lawndale ou Lake Shore Drive, ce qui implique des contextes socio-économiques très diversifiés, mais aussi des environnements ethniques (…) distincts. Il fallait être respectueux de toutes ces caractéristiques, leur correspondre, tout en créant une homogénéité pour que ce travail, si l’on peut dire, passe inaperçu », a précisé le réalisateur.
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Il a été ici bien épaulé par son fidèle chef opérateur Sean Bobbitt dont l’éclairage met en avant les nuances révélant l’aisance des plus riches, avec des couleurs normales, tandis qu’une luminosité moindre et un mélange de teintes suggèrent le chaos inhérent aux déshérités. Et au détour de plusieurs séquences, on retrouve la griffe à la fois distante et incisive de McQueen, quand Veronica découvre un douloureux secret dans l’appartement d’une rivale, ou lorsque le souvenir d’un deuil ancien (furtifs flashback) vient raviver des souffrances. Et pourtant, en dépit de sa facture impeccable, Les veuves laisse sur sa faim, car McQueen était apparu comme l’un des plus singuliers nouveaux auteurs du cinéma contemporain. Or, le sentier qu’il emprunte semble parfois balisé, aseptisé, manquant d’inventivité, avec une pesanteur dans les intentions féministes ou une caractérisation des méchants (le politicien véreux, le truand sadique) trop conventionnelle pour convaincre pleinement, en dépit de l’interprétation tonique de Colin Farrell et Daniel Kaluuya. Malgré ces réserves, Les veuves reste au final un bon film policier, exercice de style séduisant qui a le charme des séries B d’antan.
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ceciloule 20 décembre 2018
Les veuves - Steve McQueen - critique
Un bon film policier, exactement. Du suspense, du féminisme, de l’action, des gangs et des fusillades... Un peu d’engagement sans que le réalisateur ne se mouille trop pour autant, effectivement. En tout cas, on apprécie et on embarque pour Chicago et sa violence, totalement happés par l’histoire (pour en savoir plus : https://pamolico.wordpress.com/2018/12/20/un-film-daction-comme-on-les-aime-les-veuves-steve-mcqueen/)