Les Savants T.1 - La chronique BD

L’université de Ferrare en Italie est l’une des plus célèbres en 1512. Lorsque Copernic, ancien étudiant devenu esprit et professeur reconnu, y revient, c’est parce que l’un de ses anciens mentors a été assassiné en plein cours. L’occasion de se lancer dans une enquête qui pourrait secouer l’université, la ville, voire la science toute entière.

Mêler découverte scientifique réelle et enquête fictive, le tout assaisonné d’expériences d’alchimie plus ou moins précises, pouvait se révéler une recette un peu indigeste pour le lecteur non informé. Car Les Savants est un premier tome, mais ses héros ne seront probablement pas les mêmes aux prochains. La date et le lieu sont importants : Ferrare en 1512 est bien l’une des universités les plus connues et modernes du monde. Le début de la Renaissance se fait à travers les familles comme les d’Este, qui sont des mécènes autant que des érudits. Élève de Cracovie, Padoue et Bologne, c’est à Ferrare que Nicolas Copernic accède au rang de docteur, en 1503. Rien ne dit qu’il ne soit retourné en Italie en 1512, mais ne rien ne dit qu’il n’y était pas non plus, au moment où il approfondit la refonte du modèle de Ptolémée qui va révolutionner la façon de voir l’univers... De fait, sans être effrayant de détails sur une époque finalement bien maîtrisée par les auteurs, cette histoire arrive à mettre dans cette ambiance studieuse et froide des universités de l’époque, où les étudiants sont finalement comme aujourd’hui, souvent fauchés et extravagants, brillants mais joueurs.

Comme dans toute bonne série policière qui se respecte, il s’agira d’être attentif à tous les personnages qui sont présentés dès le début de l’album, car le coupable se cache forcément parmi eux... Quelques rebondissements, quelques mystères révélés par l’intelligence foudroyante de Copernic, son acolyte Paracelse étant plus farfelu, c’est une version Renaissance de Sherlock Holmes qui est un peu proposée, avec son lot d’humour, de surprises et de révélations. Deux personnages opposés par leur caractère qui s’unissent pour résoudre une énigme apparemment insoluble, qui prennent tous les risques pour faire éclater la vérité... Bref, de vrais scientifiques des nouveaux temps.

Ce premier tome des Savants n’a pas encore changé le plomb des polars en grande œuvre dorée, mais il reste une belle promesse, d’une série originale et bien construite, bien documentée et bien ficelée. Tous les ingrédients d’un bon roman policier médiéval sont en fait réunis, et l’alchimie pourrait en séduire plus d’un.