Vilains garçons
Le 2 juillet 2003
Interrogation sur la différence et l’identité, dans une histoire subtile et pudique.


- Auteur : Michèle Gazier
- Editeur : Editions du Seuil
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Française
- Prix : Au Féminin / aVoir-aLire

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Les garçons d’en face vient de recevoir le Prix du roman féminin aufeminin.com-aVoir-aLire.com. Michèle Gazier y poursuit son interrogation sur la différence et l’identité, dans une histoire subtile et pudique.
Une jeune femme, étudiante, vient passer quelques jours à Salies-les-bains, une station thermale où sa mère est en cure pour une maladie de peau qu’elle endure comme un stigmate. En face, une grande maison abrite une famille secrète, distante, qui alimente toutes les rumeurs du village. La jeune femme se prend d’amitié pour Lola, l’enfant de la maison, une fillette lucide et imprévisible, et va traquer le mystère de ces "garçons d’en face", les deux frères de Lola, des monstres, dit-on, aux paupières couvertes d’écailles ! C’est l’histoire d’un temps qui s’étire, pris dans une chape de chaleur et de certitudes, et une question, lancinante... Qui sont les monstres ?
La question tourne et retourne, dans l’œuvre de Michèle Gazier. Vivre différent, et en éprouver du bonheur. Les garçons d’en face met le doigt sur la perception de la monstruosité, le regard que l’on pose sur les autres, celui qui peut aussi se poser sur nous. Qui est monstrueux, dans cette ville où se dévoile la honte des peaux marquées par la maladie ? La monstruosité des garçons serait celle qu’on désigne, pour oublier la nôtre. Celle des peaux martyrisées, celle d’une homosexualité mal assumée, celle de la rumeur, qui enfle, déforme, déborde, mais assure la cohésion sociale. La norme, c’est ce qu’on donne à voir. Les monstres sont cachés, tus, prêts à endosser tous les fantasmes, toutes les légendes. Mais il y a, au-delà de la disgrâce, le bonheur de vivre qui est celui de tous. Les garçons qui se baignent, à l’abri des regards, la mère qui rit, oubliant sa souffrance. Et c’est cette légèreté du plaisir de la vie qui prend le pas sur le malheur, sur l’exclusion, sur la différence, et abolit l’étroitesse de la rumeur malfaisante. On est toujours le monstre de quelqu’un !
Lire notre interview de Michèle Gazier
Michèle Gazier, Les garçons d’en face, Seuil, 2003, 203 pages, 17 €