Le 1er avril 2003

Un vieil homme qui se fait étrangleur. Une mission qui finit mal.
Un vieil homme qui se fait étrangleur. Une mission qui finit mal.
Un pauvre type, ce chapelier. Six meurtres de femmes sur les bras, enfin, sept avec celui de la sienne, mais celui-là ne compte pas, ou alors différemment. N’en reste plus qu’une à étrangler pour que tout soit terminé. Sept et j’arrête, a-t-il écrit au journal. Il a aussi essayé de leur expliquer, mais comment comprendraient-ils ? Qui comprendrait ? Kachoudas peut-être, le petit tailleur immigré, qui sait tout mais qui ne dira rien. Mais les autres... Le canard a publié toutes ses lettres, les a décortiquées, un reporter est même allé jusqu’à Bordeaux pour interroger un psychologue. Il n’arrêtera que quand il sera pris ou alors il se suicidera, a dit le psy.
Enveloppés dans les brouillards de La Rochelle, Les fantômes du chapelier se montrent peu à peu. Simenon lève en douceur le voile sur ces crimes pour mieux le tirer sur l’assassin, recouvrant son assurance d’un profond égarement. Car sa mission qu’il croyait inébranlable se fissure. Sa raison le lâche. Ses fantômes le prennent. Ils sont là, tout proches, invisibles, indicibles, l’écrivain leur donnant corps simplement par l’atmosphère glauque qu’il dépeint. Et qui contient tout entier le chapelier, qui n’a rien d’un monstre. Il n’est qu’un vieil homme qui a consacré sa vie à sa femme malade et qui un jour en a eu assez. Juste un pauvre type, a conclu le docteur, le seul ami du chapelier.
Georges Simenon, Les fantômes du chapelier. Comme l’ensemble des romans de Georges Simenon, Les fantômes du chapelier a été réédité aux Presses de la Cité, collection Omnibus (Tout Simenon), 27 tomes, 22 € chacun.
En illustration, la couverture de l’édition du Livre de poche.
Regards croisés : La critique du film