Le 2 septembre 2020
En mêlant la tradition du roman d’apprentissage américain aux mythes du Midwest de 1895, Benjamin Whitmer signe un livre fort, qui met en lumière un monde trop dur dans lequel les enfants sont lâchés trop tôt.


- Auteur : Benjamin Whitmer
- Editeur : Gallmeister
- Genre : Roman & fiction, Roman
- Nationalité : Américaine
- Traducteur : Jacques Mailhos
- Titre original : The Dynamiters
- Date de sortie : 3 septembre 2020
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur

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Résumé : Sam et Cora, quatorze et quinze ans, prennent soin des orphelins de Denver, de ceux qui sont devenus leur famille. Dans le Colorado, en 1895, le danger et le vice sont partout, règnent en maître : détectives, clochards et tenanciers de bars véreux sont autant de raisons de se méfier. Alors quand un colosse muet s’échoue dans l’Usine désaffectée qu’occupent les enfants, qu’ils les sauvent d’une attaque et se fait ainsi une place dans leur esprit et, bientôt, dans leur cœur, il pourrait bien modifier leur vie à jamais. Le feu, les tueries, et la dynamite sont rentrés dans leur existence...
Critique : Quand Mark Twain rencontre Trevanian, des étincelles crépitent dans l’air. Benjamin Whitmer, auteur phare de Gallmeister, signe un roman d’apprentissage à la première personne, à la fois effrayant et rafraîchissant, violent et cynique. Son héros et narrateur, Sam, a quatorze ans et vit avec les orphelins de Denver dans une usine désaffectée. Aux côtés de Cora, l’aînée de la bande, il materne les plus jeunes, leur rapporte de quoi manger et tente de les protéger comme il peut. Le danger principal pour ces enfants privés de tout ? Les « Crânes de Nœud », manière dont ils désignent les adultes qui ont l’art de tout compliquer, de tout emmêler. Mais la vie est difficile en 1895 dans le Colorado, entre les vagabonds, les pistolets et les règlements de compte, l’alcool et le laudanum, la prostitution et la corruption. Alors quand Goodnight, montagne effrayante de chair, pénètre dans l’Usine et sauve tous ces petits mendiants, ils n’ont d’autre choix que de lui faire une place. Et lorsque Cole vient chercher son ami et offre un travail bien rémunéré à Sam, il n’a d’autre choix que d’accepter – signant ainsi pour une vie encore plus dissolue que celle qu’il menait jusqu’alors, marquant à jamais son nom de sang.
Le traducteur, Jacques Mailhos, adopte un style résolument anglophone – phrases courtes ou non-verbales, verbes déclaratifs répétitifs et simplistes, impressions livrées à vif. De cette manière, il colle à ce que l’auteur est parvenu à accomplir, à savoir trouver le ton le plus juste pour traduire les émotions de son jeune héros : quand il écrit, c’est Sam qui parle, c’est Sam qui pense, c’est Sam qui voit. À la fois candide et désillusionné à la manière de Huck Finn, il découvre la vie, celle qu’il aurait mieux valu ne pas découvrir. Aux côtés des dynamiteurs, il grandit, devient autre, devient ce qu’il s’est toujours juré de ne pas devenir : adulte. En effet, l’immoralité et le vice sont partout et il est compliqué de les esquiver. Ainsi, quand Goodnight et Cole se mettent en tête de lutter pour la survie de leurs tables de jeux et de leurs roueries, ils entraîneront Sam dans leur chute inévitable, à grand renfort de tueries, coups de feu, flots d’hémoglobine et déchirements.
Ce roman remue. À travers son ironie sombre et son absence de filtre, il dénonce le monde invivable dans lequel les enfants sont jetés trop tôt, trop vite, il souligne l’impossibilité d’une quelconque innocence, d’une quelconque insouciance.
Benjamin Whitmer - Les Dynamiteurs
Gallmeister
400 pages
24,00 euros