Le 8 avril 2019
La fascination de l’enfant pour le cirque conduit Fellini, une fois adulte, à enquêter sur le personnage du clown.


- Réalisateur : Federico Fellini
- Acteurs : Anita Ekberg, Maya Morin, Federico Fellini
- Genre : Comédie dramatique, Documentaire
- Nationalité : Français, Allemand, Italien
- Distributeur : Les Acacias
- Durée : 1h32mn
- Reprise: 10 avril 2019
- Titre original : I clowns
- Date de sortie : 10 mars 1971
- Plus d'informations : Les clowns

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Résumé : La fascination de l’enfant pour le cirque amène Fellini une fois adulte à enquêter sur le personnage du clown.
Synopsis : Dans une petite ville de province, à la nuit tombée, un enfant contemple de sa fenêtre l’installation quasi magique d’un chapiteau de cirque. Les mâts se dressent, la toile se gonfle, l’immense chapiteau ressemble à une créature qui va s’éveiller à la vie. Le lendemain, le même enfant se rend au cirque...
Notre avis : Fellini en personne mène une enquête sur des clowns. D’abord, il visite le cirque italien de Liana Orfei. Il se rend ensuite à Paris où, avec l’aide de Tristan Rémy, réputé pour être un véritable expert du cirque, il évoque de grands acrobates du passé.
Les recherches de Fellini portent en particulier sur deux figures du clown très célèbres : le clown blanc et l’auguste. Le premier est un Pierrot, symbole de l’élégance, de l’harmonie et de l’intelligence ; ce personnage entretient une relation lucide, rigoureuse et cartésienne avec la réalité qui l’entoure. Son conformisme exaspéré trouve son contraire dans le personnage de l’auguste. Ce dernier est en perpétuel conflit avec la vision logique et apollinienne de l’existence promue par le clown blanc. Il s’y oppose, en refusant a priori tout ce qui est porteur de sens, tout ce qui est rationnel et raisonnable. Ainsi, à l’ordre discret du clown blanc répondent les cris de l’autre, des cris moqueurs d’un monde qui prétend pouvoir garder le contrôle sur le réel. C’est la logique du carnaval qui trouve son fondement dans le contraste et la complémentarité de ces deux figures ancestrales. Là où le clown blanc est sérieux, l’auguste éclate de rire. Avec ces archétypes rencontrés au cours de son enquête, Fellini met en scène et filme un cirque gigantesque, un spectacle qui a le goût de l’allégorie d’une part, des obsèques de l’autre.
Conçue pour la télévision, cette œuvre insolite, à mi-chemin entre le faux documentaire et l’hommage à un type de spectacle qui n’existe plus, est le témoignage d’un amour inconditionnel, que Fellini nourrit depuis l’enfance. Les clowns se situent à peu près au milieu de sa filmographie, juste avant le triptyque Amarcord, Le Casanova de Fellini et Fellini Roma. Considéré par l’historiographie internationale comme un de ses films mineurs, Les clowns affirme plutôt son identité de création libre, presque née par hasard, le fils bâtard du cinéma, au C majuscule. Le long métrage décrit la naissance des clowns modernes, ces ambassadeurs grotesques, déchirés, divins, diaboliques, ivres et délirants, à la vocation désespérée.