Les belles personnes - Chloé Cruchaudet - chronique BD

Tout d’abord, il faut bien le dire, Les Belles Personnes n’est pas une BD à proprement parler, au sens où elle ne cherche pas à raconter une histoire, construite sur des planches et des cases à la suite. Enfin si, mais pas une mais plusieurs histoires. Et pas en entier.

En s’appuyant sur des témoignages, lettres pour la plupart, l’autrice a choisi de reconstituer avec son imagination celui ou celle qui pourrait être la bonne personne pour un portrait à la fois universel et unique. Telle professeure un peu allumée, tel frère handicapé, tel vieil homme de l’arrêt de bus… Dans cette tâche où la fiction ne devrait pas l’emporter sur la réalité, il y a un décalage qui se créé, comme si l’on retrouvait à chaque fois quelque chose que l’on a connu ou que l’on connaît, voire une personne à connaître. C’est la force de cet album, témoignage de ces braves gens, au sens noble du terme, qui forment une foule d’anonymes à laquelle Chloé Cruchaudet a voulu rendre hommage.

Chloé Cruchaudet / Soleil

Chacun de ces personnages possède une vérité, puisqu’ils sont issus d’une rencontre, mais tous semblent être une œuvre de fiction à part entière, tant le dessin qui les animent se fait variation, ici puissance, là délicatesse… Il y a en effet beaucoup de pages tendres, voire tristes, mais aussi certaines pleines d’humour ou quelques fois de colère. Et à chaque fois, le dessin, artistique, créatif et unique se pose en révélateur des sentiments cachés par le témoignage, retranscrivant ce qui a fait la beauté de la personne, dans des tons changeants, dans des formes diverses, à l’instar de ce que la vie recèle.

Chloé Cruchaudet / Soleil

A la fois grave et léger, fort et doux, Les Belles Personnes est un album sensible et vigoureux, qui veut faire la part belle à ceux qui n’ont jamais cherché à écraser les autres, mais bien à rendre le monde, un tout petit peu à la fois, meilleur.