Le 14 avril 2020
De belles aventures, pétillantes, portées par un Gary Cooper royal.
- Réalisateur : Raoul Walsh
- Acteurs : Gary Cooper, Arthur Hunnicutt, Mari Aldon, Richard Webb, Ray Teal
- Genre : Western
- Durée : 1h41mn
- Date télé : 14 avril 2020 13:50
- Chaîne : OCS Géants
- Box-office : 3 300 743 entrées France / 683 806 entrées Paris Périphérie
- Titre original : Distant drums
- Date de sortie : 13 février 1952
- Plus d'informations : Le site du distributeur
L'a vu
Veut le voir
Reprise : le 21 octobre 2015
L’argument : 1840. A l’apogée de la guerre, l’armée des États-Unis tente de réduire les derniers groupes d’Indiens Séminoles vivant en Floride. Pour l’aider, elle fait appel au taciturne capitaine Wyatt. Ce dernier a pour mission de détruire un fort dans lequel les contrebandiers entreposent les armes qu’ils livrent aux Indiens.
Leur mission accomplie, les Américains rebroussent chemin après avoir libéré quelques prisonniers, dont une jeune femme, Judy Beckett, dont Wyatt tombe amoureux...
Notre avis : Raoul Walsh est l’auteur de deux transpositions de ses propres films : Comme La Fille du désert procède de La grande évasion, Les Aventures du capitaine Wyatt est une réécriture du magnifique Aventures en Birmanie, dans lequel Gary Cooper remplace Errol Flynn, et les Everglades la jungle. Dans les deux cas, Walsh illustre avec une remarquable économie de moyens ce sous-genre particulier qu’est la « brigade perdue », récit d’une échappée en milieu hostile ; dans les deux cas, le danger est multiple et omniprésent, tapi dans le hors-champ ou révélé par un travelling, tel celui qui montre un Séminole sur une branche d’arbre. Et la figure héroïque, interprétée ici par Cooper au sommet de son art, tout de retenue et de masque indéchiffrable, est un guide, admiré par ses hommes. Mais Wyatt est encore un peu plus ; qu’on en juge : père attentif, guerrier courageux, capable de pardon, il comprend la langue indienne et déchiffre les messages des tambours, sait pêcher avec un bâton ou se raser avec un couteau, dévoile la fille de ferme sous la caricature mondaine, peut expliquer les coutumes séminoles. Bref un surhomme vénéré par sa troupe. À cet égard , sa première apparition, annoncée et retardée, est un modèle de mise en scène ; en deux plans, Walsh fait exister son héros et le magnifie. Nous sommes au début des années 50 : l’Amérique n’en est pas encore à douter d’elle-même et Cooper incarne à merveille ce personnage droit , pétri de bravoure et d’honneur.
© Swashbuckler Films
Débarrassons-nous de certaines vétilles qui alourdissent le film : des personnages secondaires sacrifiés, de petites mièvreries qui sonnent comme autant de concessions, une certaine pesanteur dans le dialogue. Mais le reste ! On se voit mal faire la fine bouche devant un scénario réduit à l’essentiel, comme une épure du film d’aventures (on n’ose parler de western pour cette histoire se déroulant en Floride). Et cet essentiel est savamment dosé en une alternance équilibrée de morceaux de bravoure et de temps plus faibles, qui servent de pause aussi bien que de révélateur. L’attaque du fort, conduite en quelques minutes denses, relève du tour de force tant elle est magistralement filmée et montée. Dans une perspective classique, l’action est toujours parfaitement lisible et condensée en brefs éclats de violence. De même le duel final, sur et sous l’eau, est un miracle de tension et d’efficacité, couronné par le seul plan sanglant du film, le couteau de Wyatt s’enfonçant dans le torse de l’Indien. Pour le reste la violence, époque oblige, reste hors-champ ; mais Walsh sait la suggérer par un plan (les crocodiles nageant au milieu des chapeaux) ou par un témoignage (le guide survivant parle de « boucherie »).
Dans ce film mené tambour battant, périodiquement traversé par des séquences d’anthologie (il faudrait encore citer la poursuite dans les hautes herbes, presque abstraite), le réalisateur et son scénariste ménagent des moments d’humour, dont certains sont très réussis : la discussion mondaine interrompue par le bruit du couteau pendant le rasage est drôle tout en restant au service de l’histoire. Ils savent aussi distiller les annonces, faire preuve d’un érotisme discret et au bout du compte ramasser cette poursuite en 1h40, sans déchets ni fioritures. Les Aventures du capitaine Wyatt, sans être un chef-d’œuvre, témoigne de cet art disparu, celui d’un cinéma classique, efficace, qui s’appuie sur des vedettes pour glorifier sans lourdeur démonstrative des valeurs traditionnelles. Walsh peut aussi compter sur la partition riche et variée de Max Steiner, qui participe habilement à la réussite du spectacle.
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.