Notre avis  : Andrew Ridker raconte ici le destin d’une famille, ou plutôt celui de chacun de ses membres. On y rencontre Francine et Arthur, les parents, mais aussi Maggie et Ethan, leurs enfants. L’auteur revient sur la jeunesse des premiers et dresse en parallèle le portrait des deux adolescents qu’ils ont élevés. Dans les chapitres qui parlent de leur quotidien de jeunes adultes, Maggie et Ethan ont perdu leur mère peu auparavant et ont du mal à se remettre. Les relations avec leur père sont alors loin d’être au beau fixe et la vision croisée des différents protagonistes permet au lecteur d’en connaître peu à peu les raisons.
Il est question alternativement de Francine au moment de sa rencontre avec Arthur, du voyage humanitaire de ce dernier à l’époque, de ses péripéties des années plus tard, une fois que sa femme est morte, de ses tentatives de rapprochement vis-à-vis de ses enfants, tandis que ceux-ci lui en veulent toujours beaucoup de sa nonchalance et, soyons clairs, d’être celui qui est resté en vie. Chacun des chapitres apporte une nouvelle pièce au puzzle : les points de vue tournent régulièrement, ce qui nous donne une assez bonne idée de la situation globale. La construction nous égare parfois un peu, surtout que tous les récits sont menés au même temps grammatical. Cela dit, à condition que la lecture soit continue, le roman s’avère agréable. Quand on s’immerge dans un ouvrage, il est en effet plaisant de pouvoir appréhender le contenu à travers différents angles, en examinant les événements et les personnages selon diverses perspectives. Tout nous apparaît alors sous un autre jour, de manière plus nette, puisque les différentes parties du tableau s’éclairent les unes après les autres.

L’auteur est comparé par les éditions Rivages aux grands romanciers américains du siècle, à savoir Philip Roth ou Jonathan Franzen. On peut ajouter Anne Tyler à la liste, puisqu’il choisit, comme elle, de raconter un foyer, à travers les tensions et l’amour qui peuvent s’entremêler, variant inlassablement tout au long de la vie d’une famille. Les ingrédients inhérents à la littérature américaine sont présents : la judéité, la jeunesse et l’université, les liens familiaux, et l’altruisme bien sûr – l’un des rares points communs entre les membres de cette famille disparate.

Un premier roman très prometteur, donc.