Le 6 août 2024
- Scénariste : Arnaud Le Gouëfflec>
- Dessinateur : Nicolas Moog
- Genre : Document, Historique, Chronique sociale, Société
- Editeur : Glénat
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 13 mars 2024
L’épopée du mouvement punk en France dans les années 1980, à travers le témoignage de ses acteurs.
Résumé : Les années 1980 sont marquées par l’essor en France du mouvement punk, porté par le succès du groupe Bérurier noir, qui débute dans divers squats pour terminer en 1989 avec trois concerts d’adieu à l’Olympia. Au-delà de ce groupe mythique, c’est toute une scène qui se développe avec une multitude de groupes : Les Wampas, Ludwig von 88, Lucrate Milk, Oth… Ces groupes qui défendent une éthique et un mode de vie radicalement en marge de la société de consommation parlent à la jeunesse en décrivant ses maux, et en conservant une éthique du {do it yourself}. Le punk français, qualifié de « rock alternatif » par les médias qui peinent à circonscrire ce mouvement hétéroclite, se développe durant les années de la gauche au pouvoir – qui légalise notamment les « radios libres » – avant que la répression ne s’abatte sur certains groupes, en raison de leur connivence supposée avec des membres d’action directe.
Critique : Après le succès d’Underground. Grandes prêtresses du son et rockers maudits, qui a mis en lumière des noms trop méconnus du rock, le duo formé par Arnaud Le Gouëfflec et Nicolas Moog récidive avec Vivre libre ou mourir, qui s’arrête sur l’âge d’or du punk français. L’album se fonde sur les témoignages très fouillés, retranscrits de façon précise, d’acteurs majeurs de cette époque : Loran, Paul et Masto de Bérurier Noir, Didier Wampas du groupe éponyme, les Tits (danseuses de Bérurier Noir), Nina de Lucrate Milk, mais aussi Virginie Despentes (qui a fréquenté la mouvance punk et dont le premier roman, Baise-moi, a d’abord circulé dans ce milieu) et David Dufresne. Le récit, globalement chronologique, se construit autour de ces différents témoignages qui s’enchaînent pour brosser le portrait d’une époque, de l’élection de Mitterrand à la montée du Front national – que Bérurier noir « emmerde », bien sûr ! – en passant par le choc provoqué par la mort de Malik Oussekine sous les coups des « voltigeurs » du Ministère de l’Intérieur.
- © Arnaud Le Gouëfflec, Nicolas Moog / Glénat
Vivre libre ou mourir cerne ainsi les valeurs – le do it yourself et la débrouille, l’anticapitalisme et la volonté de rester en marge de l’industrie musicale – et les moments forts du mouvement punk, sans masquer certaines contradictions, comme la grève qui touche le groupe Bérurier noir en 1987, en raison des mauvaises conditions de tournées. Il faut dire que ces conditions sont on ne peut plus précaires, avec un van bricolé dans lequel tout le monde s’entasse, nuit dans les squats, paie extrêmement faible en raison de billets d’entrée très bon marché… Issu de la rue et des squat, le punk est également rattrapé par son succès : la Mano Negra signe ainsi dans un grand label, quand d’autres groupes préfèrent se dissoudre plutôt que d’imploser. L’album montre également que le punk a laissé un héritage profond dans l’histoire du rock, de la contre-culture et plus généralement de la musique, avec des slogans – « la jeunesse emmerde le Front national » –, une esthétique et un positionnement politique affirmé.
- © Arnaud Le Gouëfflec, Nicolas Moog / Glénat
Le dessin au trait noir épais de Nicolas Moog colle parfaitement au propos. Bon portraitiste, il représente les protagonistes de ses histoires qui ont la parole tout du long, ce qui donne lieu à des bulles chargées de textes. Si l’album est bavard et manque parfois de structure, il est fidèle à la parole recueillie. Les reproductions de pochette d’albums, d’affiche ou de devanture de bar mettent également le lecteur dans l’ambiance électrique de cette époque. Pour renforcer l’immersion, les auteurs ont également conçu une playlist, accessible depuis la plate-forme Spotify.
Instructif et incarné, Vivre libre ou mourir est un bel hommage à l’une des grandes aventures de la contre-culture française.
176 pages – 22,50 €
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Galerie photos
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