L’art de la guerre
Le 31 mars 2012
Les trois royaumes marque le retour triomphant de John Woo à la (super)production chinoise depuis À toute épreuve en 1992. Magistrale dans la réalisation, cette fresque épique par ailleurs relativement consensuelle s’avère un sommet du divertissement.
- Réalisateur : John Woo
- Acteurs : Tony Leung Chiu-wai, Takeshi Kaneshiro, Zhang Fengyi, Chen Chang, Hu Jun, Zhao Wei
- Genre : Action, Historique
- Nationalité : Chinois
- Distributeur : Metropolitan FilmExport
- Durée : 2h25mn
- Date télé : 10 février 2024 20:50
- Chaîne : Ciné+ Premier
- Titre original : Chi Bi
- Date de sortie : 25 mars 2009
Résumé : En 208 après J.-C., l’empereur Han Xiandi règne sur la Chine pourtant divisée en trois royaumes rivaux. L’ambitieux Premier ministre Cao Cao rêve de s’installer sur le trône d’un empire unifié, et se sert de Han Xiandi pour mener une guerre sans merci contre Shu, le royaume du sud-ouest dirigé par l’oncle de l’empereur, Liu Bei. Liu Bei dépêche Zhuge Liang, son conseiller militaire, comme émissaire au royaume de Wu pour tenter de convaincre le roi Sun Quan d’unir ses forces aux siennes. À Wu, Zhuge Liang rencontre le vice-roi Zhou Yu. Très vite, les deux hommes deviennent amis et concluent un pacte d’alliance...
Critique : Après Chen Kaige (L’empereur et l’assassin) et Zhang Yimou (Hero, dans lequel on retrouve aussi Tony Leung), John Woo cède à son tour aux sirènes de la grosse production historique chinoise et en profite au passage pour doubler en beauté ses compatriotes. D’ores et déjà superstar du box-office asiatique, Les 3 royaumes s’avère être le film chinois le plus cher de tous les temps (quatre-vingts millions de dollars) et rivalise dans la démesure avec les superproductions hollywoodiennes telles que Le seigneur des anneaux. Mais, s’il totalise cinq heures d’images sur deux films, le public occidental n’a lui droit qu’à une version tronquée de 2h25 mn, à la hauteur de sa patience. Reste à espérer que le DVD saura réparer cette injustice...
- © Metropolitan FilmExport
Embarqué avec son fidèle producteur Terence Chang, John Woo s’est par ailleurs assuré les services de talents rodés à ce genre de production : Tim Yip, créateur multi-récompensé des décors et des costumes de Tigres et dragons ; Corey Yue, réalisateur des scènes d’action, coréalisateur du Transporteur I et II et de La légende du dragon rouge, réalisateur de la seconde équipe sur X-Men et L’arme fatale 4 ; Zhang Jinzhang, réalisateur de la seconde équipe, qui a travaillé sur L’empereur et l’assassin et Hero et a réalisé la scène de combat finale de Kill Bill 1 ; et enfin, The Orphenage, spécialiste des effets visuels qui s’est fait un nom sur Pirate des Caraïbes, Harry Potter et la coupe de feu ou encore Iron Man. Mais malgré le travail remarquable réalisé, le film n’aura malheureusement pas porté chance à la société basée à San Francisco qui, emportée par la crise, a fermé ses portes début février, seule sa branche animation étant encore à l’heure actuelle en activité.
- © Metropolitan FilmExport
L’épopée est l’adaptation d’un roman éponyme chinois ultra populaire du XIIIe siècle, qui fait le récit de l’époque des trois royaumes (un intermède d’une quarantaine d’année à peine entre les dynasties des Han et des Jin au IIIe siècle après J.-C, soit près de cinq siècles après l’époque des royaumes combattant à laquelle se situent L’empereur et l’assassin et Héro) et notamment de la célèbre bataille de la Falaise rouge en 208 après J.-C. Restées dans les annales sous forme de hauts faits d’armes, portées aux nues par la littérature et l’imaginaire collectif qui ont forgé le mythe du héros chevaleresque, ces époques les plus troubles de l’Histoire chinoise lointaine sont devenues depuis peu une source prolixe d’inspiration pour les réalisateurs, avec la bénédiction du gouvernement (près de mille soldats sont ainsi venus jouer les figurants sur le tournage). Tant adaptée au marché national qu’international, cette veine récente flatte en effet dans le sens du poil l’Histoire et le nationalisme tout en plaçant le cinéma chinois sur un pied d’égalité avec Hollywood.
- © Metropolitan FilmExport
Néanmoins, Les trois royaumes appartient sans conteste aux plus grandes réussites du genre. La virtuosité et la diversité de scènes de combats faramineuses (le scénario s’articule autour de trois grandes batailles : Chang Ban, Sang Jian Kou et la fameuse bataille de la Falaise rouge, mettant en scène deux mille bateaux et pour laquelle, outre des bassins gigantesques, fut construite une colline large comme deux stades de football et haute d’une douzaine de mètres surmontée d’une forteresse et d’une tour de guet) nous tiennent en haleine d’un bout à l’autre. Héroïsme, romantisme, esprit de sacrifice (voire même une leçon de cérémonie du thé) : en dépit d’un air de déjà-vu, Les 3 royaumes rassemble ainsi tous les ingrédients du succès, avec cerise sur le gâteau, un John Woo aux commandes que l’on avait pas vu aussi impliqué depuis longtemps.
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Norman06 29 mars 2009
Les 3 royaumes - John Woo - critique
Du beau travail, qui confirme le savoir-faire de John Woo. Mais où est passée la poésie de l’auteur de "The Killer" ? Ceci dit, ne jouons pas les fines bouches, et apprécions deux splendides batailles navales ainsi qu’une délicieuse séquence de ruse guerrière par l’usage d’une tasse de thé.
Sébastien Schreurs 2 avril 2012
Les 3 royaumes - John Woo - critique
Le royaume et 1/2 !
Spécialiste du gunfight (film d’action made in Hong Kong), John Woo revient au pays pour une fresque historique que Zhang Yimou n’aurait pas renié. Si la version asiatique, longue de presque cinq heures (dont j’avais vu la première partie à sa sortie), atteint l’intensité dramatique de La Cité interdite ; la variante occidentale (rabotée de moitié), par contre, sacrifie la psychologie des protagonistes au point d’éradiquer le véritable enjeu de cette bataille finalement plus spectaculaire que captivante. À l’instar de Dans la brume électrique de Tavernier, les ravages du montage ont la fâcheuse habitude de dénaturer l’œuvre originale.