Le 15 février 2019
Le dernier thriller en date de John Woo est un énorme naufrage artistique. Et un échec commercial sans appel.
- Réalisateur : John Woo
- Acteurs : Tao Okamoto, Masaharu Fukuyama, Zhang Hangyu
- Genre : Action, Thriller
- Nationalité : Chinois
- Editeur vidéo : Metropolitan Video
- Durée : 1h46min
- Date de sortie : 7 février 2019
- Festival : Festival de Venise 2017
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– Année de production : 2017
– Sortie DVD, Blu-ray & VOD : le 8 février 2019
Résumé : L’avocat d’une puissante firme pharmaceutique d’Osaka est accusé d’un crime qu’il n’a pas commis. Alors que ce dernier prend la fuite pour trouver les coupables, un policier aux méthodes expéditives se lance à sa poursuite. Commence alors une chasse à l’homme entre fracas de tôle et tonnerre des armes à feu.
Notre avis : Manhunt est le meilleur sketch qu’auraient signés les Inconnus, s’ils avaient pastiché les gunfights de John Woo. On peine à comprendre ce qui a pu traverser l’esprit d’un réalisateur si talentueux avant de signer un condensé de grotesque, mais le fait est là : un artiste à bout de souffle décide de se saborder dès la première scène, avec la plus grande des décontractions, abandonnant toute direction d’acteurs, un peu comme si Tarantino avait, un soir de délire, entrepris d’embaucher le casting d’Un si grand soleil pour inventer une parodie de polar sanglant et l’avait laissé en roue libre pendant le tournage. A moins que le trente-sixième degré, qui voisine avec le quarantième sous-sol, explique l’hystérie d’un acteur incarnant un preneur d’otage d’opérette, ou les paroles reconnaissantes de l’enfant délivré par un cop aux œillades ridicules ; la parodie existe, qu’elle soit liée à OSS 117 ou Didier Bourdon et fait rire davantage. Penchons pour le suicide programmé, sinon comment expliquer que l’art consommé du ralenti, dont le metteur en scène a fait sa marque de fabrique, soit si redondant et si platement dévolu à la mise en valeur du cliché - par exemple le corps d’une femme séductrice, hameçonnant un placide avocat lors d’une soirée jet-set ?
En fait, tout se passe comme si John Woo jetait à la benne, dans un geste rageur, les choix formels qui ont fait sa notoriété : ainsi, les impasses mexicaines chères à l’auteur se multiplient, mais dans une version anamorphosée que surlignent des dialogues complètement décalés. En bon fan de Melville, Woo devrait plutôt connaître l’intensité dramatique propre à certaines situations, sans que la rupture du silence qui donne tout son prix à une scène, soit envisagée comme le meilleur des dopants narratifs. Imagine-t-on que le Jansen du Cercle Rouge, en plein casse d’une bijouterie, se mette à disserter sur les tentures ? C’est aussi improbable qu’un flic tenu en joue par un avocat, subitement mû par une irrépressible haine envers toute une corporation.
Copyright Media Asia Entertainment Group, 2017
Parfois, cette poursuite échevelée, alourdie par des flashback idiots, offre quelques plans superbes, où l’espace urbain devenu hostile semble happer le fugitif. John Woo sait jouer avec la profondeur de champ, pour isoler le sujet de son environnement et faire surgir le danger là où on ne l’attend pas. Mais c’est si peu et si dérisoire quand des visages exagérément expressifs trahissent le plus souvent une parole à venir ou la menace incessante. En fait, on aurait aimé qu’à elle seule, dans des proportions variées que peut saisir la caméra, la ville tout entière devienne l’unique ennemi et non tous ces personnages fantoches lancés à l’assaut d’un seul homme.
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