Un roman qui donne envie de remonter dans le temps et de rencontrer son personnage principal : le cartographe et voyageur Louis Legrand.

Au XVIIIe siècle, Louis Legrand, jeune secrétaire au service d’un duc aux mœurs plutôt libertines, change de maître sans en avoir vraiment le choix et se retrouve au Canada, un pays dont la géographie va vite le fasciner. Il y apprend la cartographie grâce à son maître et découvre l’amour ainsi que les problèmes que celui-ci peut causer...
Dans ce récit, deux émotions bien distinctes : l’évasion et l’isolement. L’évasion tout d’abord, représentée par les descriptions des paysages qui font penser à Candide par leur fraîcheur. L’Histoire est mêlée au romanesque, et on se laisse facilement entraîner par cette biographie romancée de Legrand, sa découverte d’un pays nouveau et son histoire d’amour brève mais intense avec la fille de son maître, le marquis de Versac. Evasion morale, avec ces terres lointaines et encore sauvages, mais aussi évasion physique lorsque Legrand est obligé de quitter le continent nord-américain pour échapper au père très rancunier de sa belle, qui considère que sa fille a été souillée. De retour en France et condamné à la prison, Legrand décide, puisqu’on lui en donne le choix, de vivre dans un monastère.
Dès lors, l’évasion cède la place à l’immobilité et à l’isolement, ce qui permet à Alain Nadaud de développer les sentiments de son personnage : le regret, parce que les contrées tant aimées du Canada ne sont plus qu’un souvenir, et l’amour pour la fille du marquis, qu’il ne reverra probablement jamais. Pour ne pas oublier, il va décider de construire deux globes : un globe terrestre sur lequel il dessine les terres et les océans de notre vaste monde, tel qu’on le connaissait à l’époque, et un globe céleste, qui servira plus à rendre hommage à celle qu’il aime qu’à représenter le ciel et les étoiles. Alain Nadaud mélange subtilement la science et les sentiments d’un homme désormais seul et brisé. Toutes les décisions qu’il a prises l’ont mené vers une vie où tout est allé de travers, et cela, croit-il, à cause de l’axe de la Terre qui est lui aussi de travers, avec son inclinaison de vingt-trois degrés...
Un style soutenu, qui colle à l’époque de l’histoire racontée, un roman qui fait imaginer, rêver, réfléchir sur sa propre vie et ses choix, Le vacillement du monde invite généreusement au voyage, transporte le lecteur avec bonheur vers des temps révolu et donne envie de découvrir le vrai du faux dans l’affaire Louis Legrand. Une envie en partie contentée, grâce au globe terrestre que l’on peut toujours observer à la bibliothèque municipale de Dijon...