Criminal Hors-série . Mes héros ont toujours été des junkies - La chronique BD

Passés maîtres dans l’art du comic noir, le duo Brubaker-Phillips s’est fait plaisir avec un récit intégré dans leur monde, mais sans s’en rattacher véritablement. L’occasion de faire parler une héroïne qui a elle aussi des choses à faire entendre, un mal-être, un malaise, une mauvaise conscience... mais surtout pas une mauvaise histoire. Pas de problèmes pour ceux qui n’ont pas suivi la série originelle, ce hors-série ne s’en rattache que par l’ambiance : c’est un pur one shot bourré de personnages, de lieux sombres et entêtants. Le titre, qui exprime la fascination pour les artistes créateurs mais torturés, en référence à la musique, mais les romans, et même les comics, ont tout autant d’exemples qui permettent de le comprendre. Et cette histoire ne déçoit pas.

Ed Brubaker, Sean Phillips / Delcourt

Évidemment, le dessin ne déçoit pas non plus : élégant, il est plus lumineux, plus coloré que dans la série Criminal, avec des plages, des forêts et des villas en plein jour, sans pluie ni froid. Franchement, on croit même à un happy end possible dans cette ambiance un peu décalée, où la drogue douce côtoie l’escapade amoureuse, puis la noirceur rattrape les personnages, attachants, et tout s’achève avec un retour aux origines plutôt bien amené, une certaine logique graphique même, de violence et de pessimisme.

Ed Brubaker, Sean Phillips / Delcourt

Complet et magnifique, ce comic hors-série ne manque pas d’atouts, et n’oblige en rien à lire Criminal. Normalement, elle donne envie de la découvrir, tant le talent fourmille dans les mains de ces auteurs.