Le 12 décembre 2022
L’architecte Mercier, venu construire des hôpitaux pour le Maharajah Chandra, va vivre des aventures extraordinaires. Fritz Lang, de retour en Allemagne en 1959, réalise un flamboyant diptyque d’aventures un peu kitsch tout à fait réjouissant.
- Réalisateur : Fritz Lang
- Acteurs : Debra Paget, Claus Holm, Paul Hubschmid, Walther Reyer, Sabine Bethmann
- Genre : Aventures
- Nationalité : Français, Allemand, Italien
- Distributeur : SNC (Société Nouvelle de Cinématographie)
- Editeur vidéo : Wild Side Video
- Durée : 1h41mn (tigre) / 1h42mn (tombeau)
- Date télé : 12 décembre 2022 20:55
- Chaîne : Arte
- Box-office : Tigre : 2 020 696 (entrées France) / 266 603 (Paris-périphérie) Tombeau : 2 236 035 (entrées France) / 301 192 (Paris-périphérie)
- Titre original : Der Tiger von Eschnapur / Das indische Grabmal
- Date de sortie : 22 juillet 1959
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Résumé : "Le tigre du Bengale" : En Inde, en route pour Eschnapur, l’architecte Henri Mercier (Paul Hubschmid) sauve Seetha (Debra Paget) des griffes d’un tigre. Sans se connaître, ils se rendaient tous les deux auprès du Maharajah Chandra (Walter Reyer), lui pour construire des hôpitaux et elle pour exécuter une danse, réservée à la Cour et aux prêtres, en l’honneur de la déesse Kali. "Le tombeau hindou" : Après avoir fui le palais de Chandra (Walter Reyer), le Maharajah d’Eschnapur, Henri Mercier (Paul Hubschmid) et Seetha (Debra Paget) se perdent dans le désert. Ils sont recueillis in extremis par des marchands qui vont les confier à des villageois accueillants. L’un d’eux, appâté par la rançon que Chandra a mis sur leurs têtes, va les dénoncer.
Critique : Fritz Lang, à près de soixante-dix ans, presque trente ans après avoir fui l’Allemagne nazie, revenait au pays. Il ne s’agissait pas d’une décision tout à fait personnelle. La période américaine du cinéaste ne fut pas toujours facile, car, contraint par les méthodes hollywoodiennes, il n’a jamais retrouvé la liberté artistique qu’il avait dans les années 20. Même si ses films américains, dont beaucoup sont des commandes, sont pour la plupart reconnus et célébrés aujourd’hui, ce ne fut pas toujours le cas, loin de là, au moment de leur sortie.
Les années 50 furent les plus difficiles en terme d’audience. Hormis The Big Heat ("Règlement de comptes", 1953), il essuya beaucoup d’échecs et connut un vrai naufrage avec son film Beyond a Reasonable Doubt ("L’invraisemblable vérité", 1956).
C’est le producteur allemand Artur Brauner qui réussira à le convaincre de refaire un long métrage dans le pays qui l’avait jadis consacré.
Artur Brauner, en choisissant le mythique Fritz Lang, avait l’ambition de proposer une superproduction digne des studios hollywoodiens, en la cofinançant avec l’Italie et la France. Le cinéaste lui proposa le diptyque du "Tombeau hindou" qu’il avait scénarisé en 1921 avec Thea von Harbou, également auteure du roman éponyme. A l’époque, Joe May, le producteur réalisateur préféra mettre en scène le film lui-même..
L’histoire ne dit pas si le cinéaste avait vu, ou seulement eu connaissance de la version de 1938 réalisée par Richard Eichberg. Toujours est-il que c’est cette saga feuilletonesque, à l’exotisme fantasmé, qui fut retenue. Adaptant un nouveau scénario avec Werner Jörg Lüddecke, Fritz Lang recentre l’action sur l’Inde, supprimant les passages qui se déroulaient à Berlin, et limite le nombre de personnages centraux. Les impératifs de la coproduction l’obligèrent à employer une distribution internationale, probablement l’un des points les plus faibles des deux films. L’intransigeant cinéaste souhaitait donner le rôle principal à Hardy Krüger, acteur allemand alors très populaire, et aussi très ambitieux, mais ils ne réussirent pas à s’entendre. Lang n’était pas non plus emballé par le choix de l’actrice américaine Debra Paget pour le rôle de Seetha.
Malgré ces aléas de casting, quoique les rôles d’Hindous ne soient joués que par des Occidentaux et que le parti pris d’une Inde de carte postale dérange, le diptyque possède une flamboyance réjouissante, un peu comme s’il était réalisé avec l’esprit des années 20, mais avec les moyens techniques de son époque. La splendide photographie de Richard Angst n’est pas pour rien dans le résultat.
On suit avec plaisir les péripéties bourrées de rebondissements que vont vivre l’architecte Mercier et la danseuse Seetha. Située la plupart du temps dans les palais du Maharajah, à l’architecture complexe où l’on se perd facilement, l’intrigue se joue de ces espaces labyrinthiques. Amour, trahisons, vengeance, sont les ingrédients qui vont épicer cette histoire, sans aucun temps mort, autant passionnante qu’invraisemblable.
La fameuse scène de danse exécutée par Debra Paget, en l’honneur de la déesse Shiva, devant un parterre d’hommes médusés, est particulièrement suggestive, à la fois par la tenue hyper légère de l’actrice et l’érotisme que dégage la chorégraphie. On se demande comment cette séquence de plusieurs minutes n’a pas subi les foudres de la censure. Dans un autre registre, la séquence de la découverte des lépreux, concentrés dans des catacombes, qui nous les montre comme une bande de zombies désarticulés attaquant les biens portants, est tout à fait étonnante et complètement en décalage avec l’esprit de l’œuvre.
Les deux films ne seront pas des succès, prolongeant ainsi la malédiction qui semble avoir accompagné le cinéaste jusqu’à la fin de sa carrière. Quitter le monde hollywoodien qu’il qualifiait de "panier de crabes" ne lui aura pas particulièrement réussi.
Les Américains, d’ailleurs, ne se génèrent pas pour concentrer, plutôt mutiler, le diptyque en le remontant en un seul film qu’ils ont appelé Journey of the Lost City, et qui n’aura pas plus de succès lors de sa sortie en 1960.
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