Le 30 décembre 2016
Album solo sans l’être tant il recèle de featurings aussi nombreux que de qualités, Le Retour du Sombre Héros marque un tournant pour Tekilla, bien décidé à attester de sa polyvalence. Chapeau bas.
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Sortie le 9 décembre 2012
Notre avis : Paradoxe pour un premier album solo, Tekilla n’a jamais semblé aussi bien entouré avec Le Retour du Sombre Héros qu’avec ses projets du Emtooci (anciennement Mer2Crew). Avant même la sortie de l’album, le MC de Montpellier marquait le coup de ses 30 ans en même temps que sa vision très familiale de sa musique en conviant 20 rappeurs à poser sur une même production, celle du génial Axiom, réunis autour d’un thème : l’insolence. Insolents est donc le nom de ce freestyle fleuve, « featuring le rap indé » sur le tracklist (plus simple que de mettre Melan, Nedoua, DF, Sëar Lui Même, Skary, Kema, AD, LaCraps, Poupa Lost, Yesima, Funky Armenico, Vin’s, Zicler, Sentin’L, Yoshi, Lario, Abrazif, Skope, Vik et Ywill, faudrait le dos d’une jaquette dvd pour caser tous les blazes sur le tracklist). Quelque peu éprouvant à écouter (et c’est bien le seul morceau à l’être), on peut toujours remettre en question le choix de le placer en plein milieu de l’album, mais pas celui de l’avoir caser dans ce dernier, tant il symbolise l’esprit convivial du Retour du Sombre Héros.
Bien mieux que blindé de collaborations (10, soit plus du double du nombre total de morceaux), l’album se réserve également le droit d’injecter à la quantité la qualité. Sans fausse note, à l’instar des pistes solos, les featurings brillent par les tonalités propres à chacun, respectées et reconduites au fil de l’écoute, à travers les sons, sans jamais tomber dans une redondance. Pertinent dans le choix des invités de chaque morceau, jusqu’à Nedoua pour l’excellent track concept Le Billet (on ne l’entend que quelques secondes), Tekilla s’entoure de talents aux flows et rimes bien différents des siens, seulement pour le meilleur, en témoigne justement le jubilatoire Terence Hill & Bud Spencer, surfant largement sur l’opposition entre Sëar Lui-Même et lui-même (hein ?). Il se greffe à ces combinaisons le plaisir d’écouter individuellement chaque rappeur, dont certains se font trop rares dans le monde du hip hop indépendant, mention à Kekro (à quand un album ?) et son flow rageux, sorte de Mokless bien énervé, toujours acerbe dans son timbre de voix et sa plume.
Alternant entre de nombreuses ambiances et les appliquant à divers types de concepts lyricaux (délire égotrip, fiction avec point de vue interne, morceau dénonciateur, freestyle, et autres), sans jamais briser la cohérence nécessaire à un album, Le Retour du Sombre Héros place sur le devant de la scène le mode de vie et de pensée à la cool mais non dénués de sens d’un rappeur sensible au regard aiguisé. Imprégné par le soleil du sud et marqué de son amour pour sa ville (et sa région), Tekilla va jusqu’à opérer un parallèle au Titi Parisien de Seth Gueko en y offrant sa version, Vrais Sudistes, sur la même instrumentale, amusante par le contraste proposé, même si inférieure à la version du barlou, sans chauvinisme aucun (j’habite à Rennes...). L’esprit chaleureux des terrasses de Montpellier passe également par les instrumentales, en particulier celles de La Vie en Rose et J’Voulais te Dire, sublimées par des lignes de cuivres smooths et enveloppantes, non sans rappeler le classique Cherche pas à Comprendre de la Fonky Family.
Tekilla peut confesser son addiction aux boucles de pianos sales quand la trap commerciale lui parvient aux oreilles (En Roue Libre), le fait est, contradictoire, que Le Retour du Sombre Héros ne s’embourbe pas dans un unique boom bap. Si elles ne constituent pas les plus grandes réussites, l’album se compose même de rares incursions trap, avec Habitudes et Joie de Vivre, Peines de Mort, l’occasion pour la première d’enfoncer le clou en terme de technicité du flow (après le surexcité Le Bruit de la Foudre) et, pour la deuxième, de puiser dans des influences reggae pour livrer le morceau le plus aérien du Sombre Héros. Ces propositions mis à part, impossible finalement de dresser une description claire des inspirations du MC, tant le disque vogue entre divers horizons sans pour autant s’y paumer, conservant cette même écriture de qualité, au profit de nombreuses émotions. Parce que l’esprit de Tekilla ne se résume pas par une seule d’entre elles, et que son album solo propose une représentation complète et complexe de sa personnalité.
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