Le 11 septembre 2015
- Dessinateur : Zeina Abirached
- Genre : Roman graphique
- Editeur : Casterman
- Date de sortie : 1er septembre 2015
Musique, humour et sentiments, le Piano oriental est un condensé de joie pour les yeux et le cœur.
Résumé :
Quand Abdallah Kamanja, jeune pianiste libanais, apprend qu’il va partir présenter son invention à Vienne, il est persuadé que sa vie est à un tournant. Le même sentiment habite Zeina Abirached, lorsqu’elle part s’installer à Paris. Quand deux cultures, occidentale et orientale, se rencontrent aussi subtilement, cela donne un album beau et émouvant.
© Casterman
Notre avis :
Pour cette œuvre autobiographique, qui parle de la vie du grand père de Zeina Abirached, l’auteure a choisi de ne plus parler de Beyrouth. Dans cette ode à la musique, à la fraternité et à la culture, Le Piano oriental est un modèle du genre : graphismes impeccables, histoire tendre et message qui fait du bien.
Tout d’abord, on retrouve le dessin caractéristique de Zeina Abirached (Le jeu des hirondelles par exemple). Blanc sur noir, ou inversement, style épuré et jeux de formes géométriques, mots et sonorités qui se répercutent sur le dessin, répétitions et crochets. Le dessin est à mi-chemin entre tissage et partition musicale. On lit comme on écoute, on enchaîne les pages comme on tricote. Les planches sont comme des mailles, mais aussi comme un morceau de musique, rythmé par des petits bruits. Le tout avec des planches sans aucune parole. C’est ça la force de Piano oriental, arriver à faire passer des émotions, une candeur et une bonne humeur dans chaque instant. Le sourire des personnages, qui ressemblent à des smileys, aident à le donner au lecteur.
L’histoire, c’est celle du grand-père de l’auteure, présenté sous le nom d’Abdallah Kamanja, un jeune musicien qui a inventé le fameux piano oriental, un instrument permettant de jouer un quart de ton en-dessous par rapport au piano classique européen, et qui veut se faire rencontrer les deux cultures qu’il admire dans la musique. Son voyage avec un ami à Vienne, les souvenirs de sa rencontre avec sa femme, et finalement le récit de l’auteure elle-même, tous ces éléments forgent un double récit attachant, alors qu’au départ les deux histoires semblaient sans rapport. Ce qui les rapproche et la rattache, outre la dimension familiale, c’est finalement cette dimension culturelle, de dire que lorsqu’on appartient ou qu’on pense appartenir à deux cultures en même temps, la vie est plus riche. Les apartés sur les différences de langue entre le français et le libanais sont à la fois drôles et enrichissantes. Si les pages consacrées à la musique sont parfois un peu répétitives, celles sur la double nationalité et l’apprentissage des langues sont toujours originales et pertinentes.
© Casterman
Enfin le message, qui est particulièrement mis en avant. La guerre est absente de cet album, les joies surpassent de loin les peines, les histoires d’amour sont nombreuses et le bonheur y est même expliqué par petites touches. Simplicité, humilité, curiosité sont les maîtres mots de la vie de l’inventeur du piano oriental, et nul doute que sa petite-fille a hérité de toutes ces qualités. Une belle dextérité, crayon à la main, et un sens de l’humour irréprochable viennent compléter le tout, sans oublier une conscience des choses affutée. Car le Piano oriental va au-delà de la musique, de Beyrouth, Vienne ou Paris. Il illustre ce que l’humanité a de plus beau, sans l’exalter, mais en la magnifiant, cette fraternité insoupçonnée entre les cultures.
Feuilletez quelques pages de Piano oriental en cliquant sur l’image ci-dessous :
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213 pages - 22 €
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Galerie Photos
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