Le 31 octobre 2024
Une adaptation de Dumas qui ne manque pas de panache et se laisse regarder, malgré son académisme suranné.
- Réalisateurs : Matthieu Delaporte - Alexandre de La Patellière
- Acteurs : Patrick Mille, Anaïs Demoustier, Pierfrancesco Favino, Anamaria Vartolomei, Laurent Lafitte, Pierre Niney, Bastien Bouillon, Bruno Raffaelli, Adèle Simphal, Julie de Bona , Marie Narbonne, Vassili Schneider, Julien de Saint Jean
- Genre : Aventures, Historique, Romance
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pathé Distribution
- Editeur vidéo : Pathé Vidéo
- Durée : 2h58mn
- Date de sortie : 26 juin 2024
- Festival : Festival de Cannes 2024
L'a vu
Veut le voir
– Festival de Cannes 2024 : Sélection officielle, Hors compétition
– Sortie DVD/Blu-ray : 6 novembre 2024
Résumé : Victime d’un complot, le jeune Edmond Dantès est arrêté le jour de son mariage pour un crime qu’il n’a pas commis. Après quatorze ans de détention au château d’If, il parvient à s’évader. Devenu immensément riche, il revient sous l’identité du comte de Monte-Cristo pour se venger des trois hommes qui l’ont trahi.
Critique : Coproduite par Pathé et Dimitri Rassam, cette version du Comte de Monte-Cristo a nécessité un budget cossu et s’inscrit dans la mouvance d’œuvres cinématographiques françaises ayant souhaité concilier patrimoine littéraire, ancrage grand public et qualité de réalisation, des Misérables de Raymond Bernard à Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau. La mise en scène a été confiée à Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, personnalités mainstream du cinéma hexagonal, coréalisateurs du Prénom et coscénaristes des deux volets des récents 3 Mousquetaires. Le résultat est un long métrage agréable, qui se laisse regarder pendant près de trois heures sans ennui, mais manque singulièrement d’audace cinématographique. À vrai dire, aucune adaptation antérieure du roman d’Alexandre Dumas n’avait vraiment marqué les esprits, qu’elle ait été signée Rowland V. Lee (1934), Robert Vernay (1943), Claude Autant-Lara (1961) ou, pour la télévision, David Greene et Josée Dayan. La présente version peut être caractérisée comme celle ayant le moindre désavantage. Car Le comte de Monte-Cristo ne manque pas d’atouts. En premier lieu, le fait d’avoir souhaité un film unique (et non deux épisodes voire plus) évite la roublardise commerciale et feuilletonesque, qui est aussi celle de maintes « mini-séries » au petit écran ; en même temps, cela conduit à une surcharge narrative, le spectateur devant s’accrocher pour suivre l’évolution des protagonistes sur plusieurs années.
- Pierre Niney
- © 2024 CHAPTER 2 – PATHÉ FILMS – M6 - Photographe : Jérôme Prébois. Tous droits réservés.
En second lieu, le film est techniquement irréprochable, de la photo de Nicolas Bolduc aux costumes de Thierry Delettre, en passant par les décors d’Émilie Ferrenq ; on regrettera toutefois la faiblesse du duel final, qui ne fait pas le poids face aux multiples ultimes combats réussis depuis Les aventures de Robin des Bois (1938) de Michael Curtiz. En troisième lieu, le casting est presque irréprochable : si Pierre Niney est bien supérieur à nombre de ses prédécesseurs, à savoir Robert Donat, Pierre Richard-Willm, Louis Jourdan ou Richard Chamberlain, il lui manque toutefois le charisme de Guillaume et Gérard Depardieu ; ses partenaires sont quant à eux irréprochables, des traîtres d’opérette (Bastien Bouillon, Laurent Lafitte, Patrick Mille) à des acteurs d’autorité (Anaïs Demoustier, Pierfrancisco Favino), en passant par des jeunes premiers convaincants (les très jolis et talentueux Anamaria Vartalomei, Vassili Schneider et Julien de Saint Jean). En quatrième lieu, l’histoire initiale de Dumas est suffisamment forte pour faire passer nombre des lacunes de la réalisation. Cela signifie-t-il qu’un roman culte ne peut pas déboucher sur un mauvais film ? Certainement pas, quand on sait que Victor Hugo et ses Misérables n’avaient pas pu sauver le traitement proposé par Jean-Paul Le Chanois ou Robert Hossein… Les deux coréalisateurs ont donc bien des mérites indéniables, à commencer par le fait d’avoir une vision personnelle du dispositif.
- Bastien Bouillon, Anaïs Demoustier, Pierre Niney
- © 2024 CHAPTER 2 – PATHÉ FILMS – M6 - Photographe : Jérôme Prébois. Tous droits réservés.
Ils précisent ainsi dans le dossier de presse : « La dimension cinématographique du COMTE DE MONTE-CRISTO tient notamment au fait que c’est l’histoire d’un homme qui recrée un monde. Un monde factice, inventé pour y attirer des gens, un décor des MILLE ET UNE NUITS qui échappe à l’époque de l’action. Cela nous a permis de mettre en scène un XIXe siècle fantasmé, comme une plongée dans la tête d’un homme qui a les moyens de donner corps à ses rêves, qui est lui-même un personnage de conte et finit par croire que son jeu est vrai. » Pour des cinéastes citant Visconti, Scola, Powell ou Lean, l’intention est vraiment louable. D’où vient alors que l’on n’est pas pleinement satisfait, outre les limites déjà mentionnées ? Ce n’est pas tant le fait de découvrir un Edmond Dantès tatoué qui nous frappe (Pierre Niney a le droit de disposer de son corps) ou de voir ce même personnage maîtriser l’art du masque aussi bien que Tom Cruise dans la franchise Mission : impossible. Ce Comte de Monte-Cristo, sous couvert de modernisme technologique tentant de s’imposer à l’ère des plateformes, est en fait dans la continuité d’un certain académisme de grand écran, avec ses champs-contrechamps pépères (l’amitié à trois sur le bateau), ses ralentis de revenge movie des années 70 ou cette musique grandiloquente surlignant l’action, à l’instar d’un produit hollywoodien sans âme. Ces réserves étant précisées, le film mérite d’être vu pour les points positifs que nous avons mentionnés.
Gérard Crespo
Le test DVD
- © 2024 Pathé Vidéo. Tous droits reservés.
Image :
Format : PAL, couleur. Sous-titres français pour malentendants. Le DVD bénéficie d’une image de qualité qui conviendra à votre télévision pour un spectacle de près de trois heures (sans lassitude), entre décors somptueux et costumes magnifiques. Le dépaysement visuel est complet et nous ne pouvons que saluer la photographie de Nicolas Bolduc qui est aussi splendide qu’au cinéma.
Son :
Son : stéréo. Langue : français (Dolby Digital 5.1). Audiodescription en français. Le support vidéo met bien en valeur la musique qui sert ce film épique à merveille grâce au compositeur Jérôme Rebotier. On se croirait presque dans une fresque hollywoodienne, ce qui peut plaire ou déplaire. Le son rend grâce aux dialogues bien ciselés et les effets sonores se démarquent par leur très riche palette, comme pour le grand écran.
Suppléments :
Les bonus ont droit à un DVD entièrement dédié et donnent envie de se procurer le support physique encore plus séduisant.
– Making-of (28 minutes) :
Nous n’allons pas nous attarder sur ce dernier pour ne pas gâcher votre découverte du film mais nous vous délivrons deux précieux indices : il se veut complet mais évite de se heurter à l’écueil d’être poussif.
– Entretiens avec l’équipe du film (30 minutes) :
Le service promotionnel est aussi un exercice informationnel : tout le monde s’y prête (les deux réalisateurs, des acteurs phares comme Pierre Niney et Laurent Lafitte, mais aussi d’autres comédiens appréciés dans ce film).
Éric Françonnet
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.