Boum, boum, badaboum !
Le 8 avril 2003
Malgré une idée de départ intéressante, Bruno Guiblet perd ses personnages et son lecteur dans un récit fourre-tout.
- Auteur : Bruno Guiblet
- Editeur : Robert Laffont
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Française
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L’ambition affichée de Bruno Guiblet était pourtant louable. Dévoiler le parcours de plusieurs personnages qui se retrouvent lors d’une soirée organisée par Sonia pour fêter ses quarante ans. Raconter, sous forme de flash-back, quelques scènes révélatrices et pertinentes permettant de comprendre la subtilité et la nature des relations unissant tous ces individus depuis trente ans. Quelques retours en arrière, depuis 1966 jusqu’aux années 80, pour éclairer le passé de tout ce beau monde. Et l’on revient, après chacune de ces immersions, au coeur de la soirée anniversaire de Sonia, 1994, où tous se retrouvent pour trinquer... Machin a eu des enfants, machine cherche un mec... Sonia tente d’accueillir correctement ses invités, se démène pour recevoir ses amis dans les règles de l’art. La salle a été aménagée pour l’occasion. Un lieu bricolé à la va-vite, plusieurs étages et multiples pièces, dont chaque recoin constitue une source de danger potentiel...
Seulement voilà... Le hic dans tout ça, c’est qu’un tel projet aurait mérité un peu plus de profondeur. En réduisant le nombre de personnages (ou en étoffant le nombre de pages), l’analyse de Guiblet aurait certainement été plus convaincante. Ici, le passé des uns et des autres est survolé sous formes d’anecdotes. Un peu de psychologie, quelques traits de caractère se voulant révélateurs, et l’on revient en 1994, dans cette soirée où l’alcool coule à flots et où la dope brûle les sinus. Les scènes se déroulant durant cet anniversaire ne sont pas toujours dépourvues d’intérêt. Rappel des vieilles rancunes, règlements de comptes en pagaille... Mais la description aigre-douce du milieu bourgeois-nocturne-versaillais-artistico-branchouille faite par Guiblet sombre de façon systématique dans la caricature. Entre l’homo à la libido incontrôlable, l’artiste tendance, le père de famille exemplaire, la copine nympho ou le célibataire endurci, tous les clichés du genre sont ramassés dans cette galerie de portraits.
Dommage, vraiment, que la bonne idée de départ se noie dans des descriptions et des dialogues sans intérêt. Les retours en arrière ne présentent qu’une cohésion relative, et l’exercice de style auquel l’auteur semblait vouloir se plier tombe résolument à plat. Et que dire de la fin qui s’apparente à une ficelle usée ? "L’amour est un muscle, et le mien est atrophié", déclare Schlicht, l’un des protagonistes du roman. Atrophié, comme l’intérêt d’un récit faiblissant au fil des pages...
Bruno Guiblet, Le muscle de l’amour, Ed. Robert Laffont, 2003, 278 pages, 20 €
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