Critique : Hesse parvient, en quelques lignes parfois, à nous faire saisir tout ce qui est contenu dans son métier. A ses yeux, chaque génération d’auteurs crée son nouveau langage, développe sa manière de regarder le monde en revisitant sans cesse les mêmes idées, au fil des années, des siècles. Pour Hermann Hesse, l’important réside dans ce qu’un écrivain apporte de lui dans son roman.
Il nous explique le dur processus qui se met en place quand il se pose à sa table de travail, la lutte qui s’engage, difficile mais nécessaire, pour ne pas s’enfoncer dans la facilité, même si c’est pour rédiger quelques lignes, au final. Cette simple victoire lui apporte, au petit matin, une pleine satisfaction. Il a écrit ce qu’il devait, non ce qu’on attendait de lui.
Cette exigence, Hesse l’applique autant à lui qu’aux critiques. Eux aussi doivent mener cette lutte pour analyser, interpréter, comprendre au mieux une oeuvre. Certes, il y a de mauvais romanciers, mais il y a autant de mauvais critiques.
Hermann Hesse se penche également sur le lien entre romantisme et classicisme en Allemagne. Deux genres, deux écoles qui ne sont pas opposés, mais qui se nourrissent, se complètent l’une l’autre.
Finalement, le prix Nobel de littérature nous raconte la nuance entre écriture et écrit, partant du regard porté sur un écolier à son pupitre de travail, pour finir sur la nature qui redessine sans cesse le monde.
Ces cinq textes intransigeants, forts, sont rédigés dans un style fluide, très agréable à lire. Le lecteur sera ravi par cette pensée claire, et l’écrivain ressortira de ce recueil gonflé à bloc, prêt à se confronter à la page blanche.

Le métier d’écrivain nous ouvre une porte dans la tête de Hermann Hesse et nous donne un accès à ses réflexions au sujet de l’écrivain, de l’écriture et de la critique, dans un style simple et accessible.