Nouvelles
Le 7 octobre 2019
Annie Saumont raconte et, une fois de plus, on se laisse mener par le bout du nez.
- Auteur : Annie Saumont
- Editeur : Julliard
- Genre : Nouvelles
- Nationalité : Française
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Le lait est un liquide blanc et la vie n’est pas un chemin parsemé de pétales de rose. Mais c’est le lait et c’est la vie, qu’y faire ? La vie d’aujourd’hui pour des gens comme les autres, avec un petit bout de malchance qui les empêtre ou un gros malheur qui leur tombe sur le coin de la figure. Annie Saumont raconte et, une fois de plus, on se laisse mener par le bout du nez.
Résumé : " Les spécialistes du chalumeau Les casseurs de bateaux Les cueilleurs de thé à Ivoha Les marchands de pieuvres à Rio de Vigo Les porteurs de charbon à Dhanbad Les planteurs de cacao à Itabuna Les ouvriers des hauts fourneaux Les gauchos dans la Pampa Les croupiers à Monaco Les maroquiniers chinois Toi, qu’est-ce que tu veux faire plus tard ? Ses parents les premiers ont posé la question. Et puis l’institutrice. Et après au collège le conseiller d’éducation. Même les camarades de classe, même les copains de la rue parfois ça les prenait. Qui disaient, Moi quand je serai grand je ferai. Ceci ou cela. Ou encore. Qui demandaient, Et toi ? "
Notre avis : Annie Saumont est comme les asperges. La saison est trop courte, et après, il faut attendre des mois et des mois avant de retrouver leur vert et leur violet sur les bancs des maraîchers. C’est long, quand on aime. Alors, quand arrive le Saumont nouveau (pardon pour ce mauvais jeu de mots qu’on a dû vous asséner cent mille fois, Annie, je peux vous appeler Annie ? Depuis le temps que je vous connais, j’ai l’impression qu’on était à l’école élémentaire ensemble, vous aimiez jouer à la marelle ou vous préfériez les billes comme moi ? J’en étais où avec mes phrases qui n’en finissent jamais ? ah, oui !) ...même s’il s’agit de la réédition d’un recueil paru en 95 (mais que j’avais loupé, tant mieux), on se précipite dessus comme un goinfre, on baffre à s’en faire péter la panse, on laisse dégouliner le jus sur son menton, on s’essuie à peine avec sa serviette, on ne lève pas les yeux de son assiette avant d’avoir terminé.
Quinze histoires. Cent cinquante pages. C’est trop vite englouti. Alors on recommence, en ouvrant le livre pas du tout au hasard sur Charlotte aux fraises, parce que justement il nous est arrivé une histoire du même acabit, il y a des siècles, c’était bien rangé au rayon des oubliettes... On vous en veut un peu de l’avoir fait remonter à la surface avec vos mots si justes et votre gâteau glacé qui dégouline, dégouline. Passons... Et pour Elle écrivait, votre chute est terrible, même en la lisant pour la seconde fois on tremble. (Dites, Annie, elle ne se passerait pas au Pont-de-Montvert, cette nouvelle-là ? A cause de la fenêtre de la chambre d’hôtel qui ouvre sur la rivière, du temple protestant à un bout du village et de l’église catholique à l’autre... j’aime bien cet endroit, moi aussi, et les pentes du Mont-Lozère où errent les fantômes des camisards les jours de brouillard, je m’égare.)
C’était un dimanche d’août gris et pluvieux qui convenait parfaitement à la lecture de ce livre. Il ne fait jamais très beau non plus, dans les histoires d’Annie Saumont. Elle ne nous emberlificote pas avec des artifices et des mystifications de soleils qui brillent de mille feux, d’amours éternelles, de mères penchées avec émerveillement sur le berceau de leur premier-né. Ce qu’elle nous raconte dans sa langue inimitable, reconnaissable à la première ligne, c’est la vie comme elle est : les petites filles qui ont de la crasse dans le cou parce qu’elles n’aiment pas se laver, les mômes sans le sou qui font semblant de croire que l’amour remplace tous les biens de la terre, ceux qui aimeraient "faire rien. Mais rien c’est pas au programme", les ballerines dorées à pompon rouge, les boîtes de sucre qui s’empilent comme des moellons et la couleur du lait. (Dites, Annie, c’est quand le prochain ? je n’ose pas imaginer qu’il faudra attendre une année complète.)
Annie Saumont, Le lait est un liquide blanc, Julliard, 2002, 155 pages, 14 €
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