Ne regarde pas derrière toi - la chronique BD

Après Proches rencontres qui traitait des OVNI, Anabel Colazo – que nous avions rencontré lors du festival d’Angoulême 2019 – poursuit l’exploration du paranormal avec l’apparition d’un fantôme. En dépit du surnaturel, le récit n’épouse pas du tout les codes de l’épouvante. Au contraire, Anabel Colazo utilise le paranormal pour traiter du quotidien, et le surgissement du fantôme constitue pour les personnages un défi qui les force à l’introspection et les confronte à des choix. On ressent néanmoins l’attrait de l’autrice pour la mise en scène des théories loufoques nées sur la Toile. Mais dans son récit, le fantôme incarne avant tout le deuil inachevé et les peurs profondes qui traversent chacun d’entre nous. Par ailleurs, l’autrice dresse en creux le portrait d’une jeunesse sans horizons et aux perspectives étroites.

Anabel Collazo - çà et là pour l’édition française

Ne regarde pas derrière toi se distingue par une apparente simplicité graphique. L’autrice utilise un trait fin et souvent hachuré. Les planches sont rehaussée par des couleurs vives, absentes dans son précédent livre. Le fantôme est représenté de la plus simple des manière : un personnage sous un drap. Cette simplicité graphique est une qualité, puisqu’en réalité, le fantôme prend la forme de notre imagination.

Doté d’un graphisme épuré mais coloré, Ne regarde pas derrière toi livre un récit réaliste et bien construit qui, faisant intervenir le paranormal, vise d’abord à nous confronter à nos propres angoisses.