Le 26 mars 2021


- Scénariste : Hervé Bourhis>
- Dessinateur : Lucas Varela
- Coloriste : Lucas Varela
- Genre : Chronique sociale, Roman graphique, Société, Fable
- Editeur : Dargaud
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 22 janvier 2021
Hervé Bourhis et Lucas Varela dressent un portrait surprenant du développement de l’informatique personnelle dans les années 1970 en France. Il en résulte un album réjouissant et touchant.
Résumé : Dans les années 1970, la société Bercop, installée en Charente, est une entreprise de photocopieurs prospère. Le patron confie à son fils, Jean-Yves, la direction du pôle Recherche et Développement qui va prendre forme sous le nom de « Labo ». Là vont s’effectuer des travaux portant sur l’informatique personnelle et la création d’un ordinateur domestique, ce dans une ambiance singulière, le jogging ou la méditation entrant rapidement en jeu.
Hervé Bourhis a un talent particulier pour créer des fictions situées dans des contextes précis et s’attacher à nombre de leurs caractéristiques. Il s’intéresse ici aux balbutiements de l’informatique personnelle, s’inspirant d’expériences qui se sont déroulées en France et aux États-Unis. Il rend compte d’intuitions et de réflexions essentielles, pointant leur aspect décalé dans un Hexagone qui, à la préfiguration d’Internet, préfère le Minitel et l’impasse qu’il constituera.
Hervé Bourhis, Lucas Varela / Dargaud
Si l’histoire se concentre sur l’informatique, elle accorde une grande importance à des faits, pratiques et idées qui apparaissent davantage dans ces années-là : différentes formes de féminisme, la prise en compte du corps et de l’esprit… Souvent drôle, elle est également acide et amère, les personnages qui tirent leur épingle du jeu n’y parvenant que par arrivisme ou en quittant la France (à destination des États-Unis, du Japon ou de l’Inde).
Hervé Bourhis, Lucas Varela / Dargaud
Le dessin semi-réaliste de Lucas Varela rend parfaitement compte des caractéristiques visuelles propres à l’époque (l’importance des cercles et des arrondis) et de la dimension hallucinée de l’aventure. Quant à ses couleurs passées, elles correspondent à la mélancolie du propos. Ce parti pris graphique contribue pleinement à la richesse de ce récit et à la poésie qui s’en dégage.
Tragi-comédie à la fois vitaminée et dépressive, Le Labo embarque efficacement le lecteur et le conduit à regarder le présent différemment, à l’aune d’événements passés en rien anodins. À quand son adaptation cinématographique par Wes Anderson ou Antonin Peretjatko ?
Hervé Bourhis, Lucas Varela / Dargaud
112 pages - 18 €