Dommage collatéral
Le 8 octobre 2003
Univers de cendres, d’errance et de douleur. Didier Goupil inscrit la tragédie du 11 septembre dans une perspective universelle.
- Auteur : Didier Goupil
- Editeur : Le serpent à plumes
- Genre : Roman & fiction
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Si le roman de Didier Goupil est à ce point porteur d’émotion, c’est sans doute parce qu’il laisse à imaginer. Bien sûr, personne n’est dupe. C’est bien de New York qu’il est question, après les attentats du 11 septembre. Nous sommes bien aux États-Unis, le gendarme du monde blessé dans son cœur. Et pourtant... Ce que l’écrivain met en scène, c’est un pays sans identité, un univers déstructuré et dépourvu de repères, et du même coup universel.
On commence par quelques images de bonheur. Un couple, de la lumière. Et puis, l’homme part travailler, ignorant que son existence va basculer. Son bureau se situe en haut de cette tour. Mais il n’a pas le temps de prendre l’ascenseur pour y parvenir. L’alerte est donnée, la tour s’effondre. C’est dans un nuage de poussière, sous une pluie de métal et de gravats, qu’il va fuir. Tenter de respirer, de s’éloigner... Fuir la panique et le danger, fuir ces survivants ensanglantés. Fuir, mais pour aller où ?
Bienvenue dans un univers de cendres. Un fantôme nous emmène à travers des rues méconnaissables, nous promène dans des parcs où une multitude de victimes cherchent un peu de réconfort. L’homme qui nous guide n’existe plus. Il erre. Déphasé, privé d’affect. Le Président prend la parole. Promet que les coupables seront punis, que la vengeance est en marche. On est plongé dans un univers aux accents kafkaïens, où l’individu ne constitue que la pièce anonyme d’un rouage gigantesque.
Didier Goupil signe un petit récit étonnant, qui se distingue de belle façon par sa construction et son parti pris. Récit d’ombres et de lumières, poétique et éminemment symboliste. Finalement, en suggérant la douleur et les larmes, la perdition et la peur, Goupil inscrit son texte dans une perspective beaucoup plus large que celle où l’aurait confiné le simple récit des attentats. Une exploitation romanesque aussi originale que séduisante.
Didier Goupil, Le jour de mon retour sur Terre, Le Serpent à plumes, 2003, 137 pages, 14 €
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