Le 28 janvier 2024


- Scénariste : Frantz Duchazeau>
- Dessinateur : Frantz Duchazeau
- Genre : Historique
- Editeur : Sarbacane
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 3 janvier 2024
Portrait d’une légende du blues, dont le talent n’a d’égal que la tendance à l’autodestruction.
Résumé : Le guitariste et chanteur Robert Johnson (1911-1938) est une légende du blues, et l’un des artistes les plus célèbres de ce genre musical. Quelques semaines avant sa mort, Robert Johnson sillonne les routes du Mississippi avec sa guitare, en compagnie de Johnny, son compagnon d’infortune. Alcoolique, il passe de bar en bar pour chanter, séduire des femmes et oublier un temps son lourd passé. Abandonné par son père, Robert Johnson voit à 18 ans mourir en couche la femme qu’il aime. De ce drame, dont il ne se remet jamais véritablement, il tire sans doute une partie de son inspiration. De « Sweet Home Chicago » à « Terraplane Blues », sa musique impressionne au-delà du Deep South, si bien que le célèbre Carnegie Hall le cherche pour le faire jouer à New-York…
Premier membre du « Club des 27 », Robert Johnson est considéré comme l’un des pionniers du blues. Les 29 titres qu’il a enregistré entre 1936 et 1937 ont suffit, avec sa vie sulfureuse, à en faire une légende de la guitare : Les Rolling Stones, Led Zeppelin, Eric Clapton, ont par la suite repris ses airs, et son influence sur la musique blues est déterminante. L’univers musical du blues a déjà inspiré Frantz Duchazeau, qui a publié en 2017 Le rêve de Meteor Slim, où Edward Ray Cochran croise Robert Johnson. Dans Les derniers jours de Robert Johnson, Duchateau choisit de s’attaquer directement à la légende. Pour ce faire, il retrace les dernières semaines d’errance du musicien, qui voyage de ville en ville, sans savoir qu’il est recherché par les producteurs du Carnegie Hall. L’errance de Robert Johnson s’accompagne de flash-back, où l’on revit la perte de sa compagne enceinte, l’enfance difficile et l’apprentissage de la musique auprès de son mentor Ike Zimmerman. Le lecteur souffre avec Robert Johnson, génie de la musique mais âme en peine qui utilise s’empoisonne avec du mauvais alcool au point de ne plus tenir debout.
- Frantz Duchazeau / Éditions Sarbacane
Sur le plan graphique, Frantz Duchazeau utilise un trait noir et blanc charbonneux qui joue sur les contrastes entre le blanc de la page, les aplats de noir et les nuances de gris. Le dessinateur excelle dans la reconstitution de l’ambiance du « Deep South » : bars, maisons en bois, voitures d’époques, costumes, champs de coton… Tout y est, et le lecteur est transporté dans l’Amérique ségrégationniste des années trente, où la vie d’un Noir vaut bien peu de choses. On sent que Duchazeau possède une vraie expertise documentaire sur ce sujet, et son dessin participe pleinement au sentiment d’immersion. Les personnages, quant à eux, se fondent dans le paysage, et ne font en revanche pas l’objet d’un traitement aussi soigné : en dehors du héros, il faut garder l’œil ouvert pour les distinguer. Ce constat n’empêche cependant pas la lecture.
- Frantz Duchazeau / Éditions Sarbacane
Fruit d’un travail documentaire conséquent et porté par un dessinateur inspiré, Les derniers jours de Robert Johnson apporte son grain de sel à la légende du bluesman trop tôt disparu. Un album qui a tout pour ravir les amateurs de musique.
240 pages – 26 €