Le 29 septembre 2017
- Scénariste : David Sala >
- Dessinateur : David Sala
- Genre : Adaptation
- Editeur : Casterman
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 4 octobre 2017
L’adaptation de la nouvelle de Stefan Zweig opte pour un style pictural.
David Sala s’attaquait à une partie compliquée avec l’adaptation d’un classique de la littérature. Le Joueur d’échecs de Stefan Zweig, saint patron des sentiments et des sensations, est une histoire aussi simple qu’universelle, aussi basique qu’étincelante. Transcrire en BD ce monument pouvait paraître difficile, mais David Sala l’a fait avec souplesse, finesse et brio. En effet, il faut s’intéresser au retour en arrière du milieu de l’œuvre, celui où le personnage éponyme raconte sa détention par les Nazis, pour saisir le talent de cet auteur. L’isolement, l’imagination et la folie se côtoient pour former un système de pensée que la littérature exprimait parfaitement, et que les planches peuvent désormais se targuer d’égaler. Plus que les parties finales ou l’introduction de la croisière initiale, c’est sur ces scènes que se joue le nœud de l’intrigue et la beauté du récit. Alors oui, les descriptions forgées par l’orfèvre Zweig laissent place à des plans fixes, où l’image et l’action semblent s’arrêter, tant l’impression d’une exposition de tableaux force le lecteur à faire des pauses dans le déroulé des pages. Cependant, ces pauses représentent une qualité, car le style de Zweig a cette particularité de s’arrêter avec fluidité, et Sala paraît avoir adopter ce mouvement lent et caressant, qui va de personnage en personnage, sans drame ni effusion, comme une plume portée par le vent.
© Casterman
Le style, qui se rapproche de la peinture, donne un atout de plus à cette adaptation. L’aquarelle permet des cases élargies, qui dépassent et enlacent les contours, mais aussi des couleurs positivement fanées, usées, à l’image de certains tempéraments ou caractères. Si les personnages ont des figures peu expressives, les décors emplissent les fonds comme des coulées de peinture, où les motifs jouent notamment un rôle particulier. Dans certaines planches, l’ambiance qui ne trancherait pas dans le film Inception se révèle envoûtante, prenant au piège le héros et le lecteur. Un piège de dessins sensibles et très doux, qui entraîne vers les pages finales sans heurts, intriguant et captivant.
© Casterman
Nul besoin de connaître les échecs pour apprécier ce récit qui tourne autour du célèbre jeu de stratégie. Ce qui est certain, c’est qu’en modelant un monde d’aquarelles propres et de dialogues hérités de Zweig, David Sala a gagné la partie : son Joueur d’échecs est clairement réussi.
128 pages - 20€
La chronique vous a plu ? Achetez l'œuvre chez nos partenaires !
Galerie photos
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.