Le 24 août 2021
En Italie, durant la Seconde Guerre mondiale, un quinquagénaire séduisant extorque de l’argent à des familles ayant un proche emprisonné par les Allemands. Rossellini brosse le portrait magistral d’un petit escroc brillamment interprété par Vittorio De Sica.


- Réalisateur : Roberto Rossellini
- Acteurs : Vittorio De Sica, Sandra Milo, Anne Vernon, Vittorio Caprioli, Hannes Messemer
- Genre : Noir et blanc, Drame historique
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Gaumont Distribution, Cineriz
- Durée : 2h12mn
- Titre original : Il generale Della Rovere
- Date de sortie : 11 novembre 1959
- Festival : Mostra de Venise 1959

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Résumé : A Gênes en 1943, un quinquagénaire qui porte beau (Vittorio de Sica), prétextant connaître des Allemands influents, extorque de l’argent à des familles de personnes arrêtées.
Critique : Pas plus général qu’autre chose, Emmanuele Bardone, bel homme mûr, vit d’expédients et de petites combines, souvent aux dépends des femmes qu’il séduit tour à tour. Seulement, l’action se situe pendant la Seconde Guerre mondiale, au moment où les Allemands sont venus soutenir Mussolini. Alors, Bardone va cyniquement profiter du désespoir des familles. Celles-ci sont prêtes à croire ce beau parleur, qui leur fait miroiter la libération prochaine de leurs proches, contre monnaie sonnantes et trébuchantes.
Dès les premières images, on comprend à quel fourbe on a à faire : donnant servilement du feu dans la rue à un officier allemand, il modifie ses origines au fur et à mesure d’une conversation banale où il ne risque pourtant rien, juste pour ne pas déplaire.
Le long métrage se découpe en deux parties bien distinctes : la première montre le quotidien fastidieux de ce manipulateur toujours sur la brèche : le peu d’argent qu’il réussit à soutirer étant vite dépensé autour des tables de jeu, il faut recommencer chaque jour. Et puis un basculement inattendu va le contraindre à se révéler. C’est par obligation, pour une fois, qu’il endossera un rôle qui n’est pas le sien.
Le cinéaste, fidèle à son univers, va donner une dimension sacrificielle au destin de ce manipulateur, en le conduisant à une dignité paradoxale.
Roberto Rossellini comme souvent tourne dans une forme d’urgence, peu soucieux de la crédibilité formelle de ses plans : les lieux sont très souvent des décors de studio plutôt sommaires et certains plans sont même tournés en incrustation. Mais ce parti pris n’entame pas la crédibilité du récit centré sur cet étonnant personnage. Le réalisateur a très justement confié le rôle principal à Vittorio De Sica (lui-même cinéaste par ailleurs, dans un registre comparable), qui d’emblée, suscite la sympathie. De fait, on se trouve contraint à ne pas totalement détester cet aigrefin pourtant peu reluisant au début.
De nouveau, une œuvre magistrale due à l’un des cinéastes majeurs de l’après-guerre.
Le film sera couronné du Lion d’Or à la Mostra de Venise 1959, ex æquo avec La grande guerre (La grande guerra) de Mario Monicelli.