Le 6 août 2022
En 1944, une veuve romaine, enceinte de son futur mari, réussit à acheter du pain au marché noir, alors que la nourriture est rare depuis l’arrivée des nazis. Un récit poignant d’un groupe de gens décidés à résister aux occupants hitlériens, dont un prêtre est le personnage central. Ce film majeur marque les débuts du néoréalisme italien.
- Réalisateur : Roberto Rossellini
- Acteurs : Aldo Fabrizi, Anna Magnani, Marcello Pagliero , Nando Bruno, Giovanna Galletti, Vito Annichiarico
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Bac Films
- Durée : 1h45mn
- Date télé : 17 juin 2024 23:20
- Chaîne : Arte
- Titre original : Roma, citta aperta
- Date de sortie : 13 novembre 1946
- Festival : Festival de Cannes 1946
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Résumé : En 1944, Rome est déclarée "ville ouverte". Pina (Anna Magnani), veuve, mère d’un jeune garçon (Vito Annichiarico) et enceinte de Francesco (Francesco Grandjacquet), qu’elle doit épouser le lendemain, fait la queue comme beaucoup, pour acheter du pain au marché noir.
Critique : Avec ce film sorti dans l’immédiate après-guerre, Roberto Rossellini "invente" le néoréalisme en Italie. Les quatre scénaristes qui se sont attelés à son écriture - le cinéaste lui-même, Sergio Amidei, Alberto Consiglio et le jeune journaliste Federico Fellini - se sont inspirés de faits réels s’étant déroulés à Rome en 1944.
On suit particulièrement trois destins : celui de Pina, la femme enceinte hostile aux fascistes ; du père Pietro (Aldo Fabrizi) qui soutient les résistants ; et de Giorgio dit "L’ingénieur" (Marcello Pagliero), le chef de la résistance locale.
Cette œuvre de fiction est d’autant plus étonnante qu’elle est construite comme un reportage, à peine un an après la période concernée.
Le récit fait monter une tension croissante pour tous les personnages, victimes à la fois des fascistes italiens et des nazis avec lesquels les premiers collaborent. On suit les aventures quotidiennes de ce petit monde brimé, néanmoins prêt, pour une grande majorité, à se battre en faveur de sa liberté, en plusieurs étapes : les préparatifs du mariage ; le prêtre qui participe à une partie de football avec les enfants ; ces derniers justement qui, sous couvert de jouer entre eux, préparent un attentat ; les potins anodins qui vont finir par être lourds de conséquences, dès lors qu’ils seront connus du chef de la Gestapo. Les dernières scènes, sans trop vouloir les révéler, sont dénuées de tout effet spectaculaire et n’en sont que plus terribles.
Avec ce long métrage, le réalisateur tourne doublement le dos aux productions qu’il avait proposées jusque-là. D’abord, il abandonne le cinéma académique soutenant le régime en place que représentaient Le navire blanc ("La nave bianca" 1941), Un pilote revient ("Un pilota ritorna" 1942) et L’homme à la croix ("L’uomo dalla croce" 1943), longs métrages qualifiés de "trilogie fasciste" ("Trilogia della guerra fascista"). Ensuite, il va innover dans une forme de cinéma libre qui va lancer le néoréalisme italien. Ce revirement cinématographique, réussi avec talent, débute donc avec ce premier opus d’une seconde trilogie appelée "Trilogie de la guerre"), et fera un peu "oublier" sa collaboration avec le gouvernement fasciste, l’opinion retenant surtout qu’il fut l’initiateur d’un nouveau courant dans le cinéma transalpin : le néoréalisme.
À y regarder de plus près, plus qu’une œuvre qui vante le courage de la résistance, on peut surtout y voir l’attachement au martyr d’un catholique magnifié par le personnage du prêtre, qui est le seul à agir de manière vraiment désintéressée. Cette appartenance religieuse sera toujours revendiquée par le cinéaste et le long métrage reste, quoi qu’il en soit, exemplaire à divers titres.
C’est aussi le film qui va définitivement lancer la carrière d’Anna Magnani, actrice au fort tempérament, qui fut la compagne de Rossellini à partir de cette réalisation jusqu’en 1948.
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