Les Frères Dardenne illuminent Cannes
Le 20 juillet 2014
Ce récit d’un enfant souhaitant retrouver son père est sans doute le film des Dardenne le plus grand public. Il a reçu un accueil chaleureux en compétition officielle à Cannes.
- Réalisateur : Jean-Pierre & Luc Dardenne
- Acteurs : Cécile de France, Olivier Gourmet, Jérémie Renier, Fabrizio Rongione, Thomas Doret, Jean-Michel Balthazar, Laurent Caron
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Belge
- Distributeur : Diaphana Distribution
- Durée : 1h27mn
- Date télé : 30 mai 2019 22:50
- Chaîne : OCS City
- Date de sortie : 18 mai 2011
- Festival : Festival de Cannes 2011
Résumé : Cyril, bientôt douze ans, n’a qu’une idée en tête : retrouver son père qui l’a placé provisoirement dans un foyer pour enfants. Il rencontre par hasard Samantha, qui tient un salon de coiffure et qui accepte de l’accueillir chez elle pendant les week-ends. Mais Cyril ne voit pas encore l’amour que Samantha lui porte, cet amour dont il a pourtant besoin pour apaiser sa colère...
Critique : Le gamin au vélo est l’histoire d’un enfant sans attache qui court sans le savoir après l’amour. On y retrouve la thématique des relations enfants-parents au cœur de l’œuvre des deux frères. Comme dans Rosetta, l’enfant est plus mûr que l’autorité parentale défaillante qu’il cherche à raisonner et remettre dans le droit chemin. À l’instar de La promesse, le fils ne comprend pas l’absence de repère moral du père. Jérémie Renier, dont le personnage n’accordait aucun crédit à sa paternité dans L’enfant, incarne ici un papa dépassé par les événements et refusant d’assumer son rôle face à un pré-ado qu’il considère comme une charge : les Dardenne ont conscience que nos sociétés "starifient" l’individu et que le lien filial est la base de la cohésion communautaire, même si ce lien n’est pas seulement biologique : le personnage de Cécile de France, mère de substitution dont nous ne connaissons pas les vraies motivations, est le double de celui d’Olivier Gourmet, tentant de se créer une paternité nouvelle dans Le fils.
- Copyright Christine Plenus
En dépit de la noirceur du scénario, identique à celle des films précédents, Le gamin au vélo témoigne d’une plus grande fluidité, liée au tournage en été, et à l’utilisation d’une partition musicale (discrète, certes), qui atténue l’aspect cinéma-vérité des œuvres précédentes. On pourrait alors concéder que les deux plus grands cinéastes belges contemporains semblent tentés par l’académisme, le ton consensuel et le sentimentalisme, ce que quelques rares séquences maladroites (les rapports entre la coiffeuse et son petit ami) pourraient confirmer. Nous estimons plutôt que les deux réalisateurs se renouvellent et évitent d’utiliser des procédés stylistiques novateurs il y a dix ans mais qui ne créeraient plus l’effet de surprise : Luc et Jean-Pierre Dardenne semblent avoir atteint une sérénité, et ce, en dépit de l’opposition avec la névrose récurrente de leurs personnages.
- Copyright Christine Plenus
Il n’est pas superflu de noter que la direction d’acteurs est remarquable : Cécile de France que l’on pouvait trouver fade dans le dernier Eastwood est ici d’une justesse parfaite, et son statut de vedette européenne ne crée pas pour autant un problème de casting ; quant au jeune Thomas Doret, il est le digne successeur des Jérémie Rénier, Emilie Dequenne, Morgan Marinne ou Déborah François révélés par les cinéastes.
– Festival de Cannes 2011 : Grand Prix du Jury
– European Film Awards 2011 : Meilleur scénario
– National Board of Review, USA 2012 : Top Five Foreign Language Films
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Frédéric Mignard 10 juin 2011
Le gamin au vélo - la critique
Un regard perspicace sur l’enfance, sans en faire trop sur le misérabilisme social. Le cinéma des Dardenne est unique, fort, généreux et sensible, et toujouts incarné par des acteurs formidables. La nouvelle recrue, Cécile de France, trouve là l’un de ses meilleurs rôles, et le "gamin" du titre, Thomas Doret, est épatant de naturel.
Frédéric de Vençay 25 juin 2011
Le gamin au vélo - la critique
Sans être le meilleur film des Dardenne, cette chronique de l’enfance abandonnée et combative confirme le perfectionnisme des cinéastes belges, à la fois minimalistes et minutieux à tout point de vue. Scénario, mise en scène, direction d’acteurs : sous l’anecdotique se déploie un véritable travail d’orfèvre. Le résultat émeut, questionne et frappe souvent juste. Belles prestations du "gamin" Doret et de la jolie Cécile de France, bien revenue de son expérience catastrophique chez Eastwood.
Jujulcactus 30 juillet 2011
Le gamin au vélo - la critique
Petite surprise que ce « gamin au vélo », grand prix au festival de Cannes, qui présente les sentiments tourmentés d’un garçon de 12 ans, abandonné par son père, qui va trouver refuge chez la coiffeuse du coin. Les frères Dardenne réalisent là un film lumineux et assez simple de visu, d’une maîtrise redoutable, alliant avec brio des scènes dures et d’autres plus légères. Le jeu des psychologies entre les différents personnages est complexe et superbement filmé, ce qui est à mettre au crédit de très bonnes performance d’acteur (Thomas Doret se révèle et Cecile de France créer la surprise). L’actrice, certainement ici dans son meilleur rôle, rayonne de charme et de simplicité. Les réalisateurs réussissent l’exploit de rendre tous leurs personnages attachants même leur petit héros pourtant insaisissable, parfois proche de l’animal sauvage se carapatant en moins de deux. Le film fait réagir car on aimerait réellement que ce jeune garçon se rende compte des choses qui l’entourent mais sa focalisation est autre, et l’amour qu’il voue à son père est sans borne. « Le gamin au vélo » pourtant de facture assez classique, déconcerte et séduit, par son ton plein emprunt de vérité et de réalité. Dommage alors que cette fin brutale, laissant ce petit goût d’inachevé...