Palme d’or Cannes 2005
Le 5 avril 2008
Incertitude permanente, avenir incertain : un authentique suspense social. La Dardenne’s touch en prime.


- Réalisateur : Jean-Pierre & Luc Dardenne
- Acteurs : Olivier Gourmet, Jérémie Renier, Déborah François, Jérémie Segard, Fabrizio Rongione
- Genre : Drame, Drame social
- Nationalité : Français, Belge
- Distributeur : Diaphana Distribution
- Editeur vidéo : Blaq Out
- Durée : 1h35mn
- Date de sortie : 19 octobre 2005
- Festival : Festival de Cannes 2005, Sélection officielle Cannes 2005
Résumé : Bruno, vingt ans, et Sonia, dix-huit ans, vivent de l’allocation perçue par la jeune fille et des larcins commis par le garçon et sa bande. Sonia vient de donner naissance à Jimmy, leur enfant. L’insouciant Bruno doit alors apprendre à devenir père, lui qui jusqu’alors ne se préoccupait que de l’instant présent.
PALME D’OR, Cannes 2005
Critique : Le nouvel opus des frères Dardenne, nouvelle Palme d’or pour le duo belge après Rosetta, plonge à nouveau dans le marasme social de personnages laissés-pour-compte confrontés à un monde adulte âpre et douloureux. Impression de redite ? Peut-être. Provoquée sans doute par la récompense cannoise. Le problème, c’est qu’on a beau scruter les potentielles failles et scories du film, la maîtrise et la robustesse de l’intrigue impressionnent. Les cinéastes belges ne connaissent pas le sentimentalisme geignard et préfèrent sonder les victimes d’une horreur sociale bien réelle avec un vrai point de vue sur le cinéma. Ils s’appuient comme souvent sur la capacité des comédiens à être les personnages avant de les jouer. Ce qui explique la sobriété exceptionnelle des acteurs (Jérémie Renier en tête, remarquable).
Au bout d’un parcours ténébreux, ils font naître la lumière d’une réconciliation. Ils dessinent des âmes esseulées qui doivent à tout prix rester ensemble si elles veulent survivre. On retrouve la même empathie et l’absence de condescendance dans la description des personnages. On aurait pu parler d’un académisme dardennien si l’histoire n’avait été qu’un prétexte pour les cinéastes de recycler leurs dites figures imposées. Pourtant, dans le registre si mal fréquenté du cinéma social, L’enfant excelle dès qu’il s’agit de retranscrire les peurs intérieures et pourtant palpables de ces enfants face à la vie qui ne vaut rien, mais qui ont parfaitement conscience que rien ne vaut la vie.
Mû par l’urgence, L’enfant semble entièrement conçu de blocs d’attente et d’inquiétude avec la même incertitude permanente et l’angoisse d’un futur incertain. En évitant les écueils d’un cinéma trop auteurisant et restrictif (même si on a trop tendance à réduire le cinéma belge à la Dardenne’s touch), les frères édifient un authentique suspense social avec une vraie tension dramatique. Les grands moments de cinéma ne manquent pas. Mais, comme on est pointilleux, on peut préférer, malgré toutes les qualités de l’opus, la singularité, la radicalité, voire l’ascétisme de Rosetta (chef-d’œuvre et pour le coup Palme incontestable) qui ne cherchait pas à plaire et atteignait de fait une qualité d’épure et une rigueur exigeante dignes de Bresson en son temps.
Le DVD
Le(s) supplément(s) à ne pas rater : Un excellent entretien des frères Dardenne pour France Inter, mais filmé. Les deux réalisateurs parlent avec toujours autant de passion de leur cinéma, certes auteuriste mais jamais replié sur lui-même. Outre leurs choix artistiques, on découvre leur complicité si forte et leur curiosité sans faille. Un régal autant pour les amoureux des Dardenne que les néophytes. Un autre entretien, tout aussi captivant, est consacré à leur fidèle équipe technique.
Image & son : Même si L’enfant n’est pas le genre de film qui repousse les capacités de votre home cinéma, cette édition présente toutes les caractéristiques techniques pour satisfaire les conditions d’un bon visionnage. L’image est identique à celle découverte en salles, légèrement granuleuse pour renforcer l’aspect documentaire. La compression en ce sens est parfaite et colle idéalement aux effets virevoltants de la caméra des Dardenne - aucun fourmillement. Le Dolby Digital 5.1 est utilisé à merveille notamment pour l’hostile ambiance urbaine.
bbjj83 25 mai 2007
L’enfant - Luc & Jean-Pierre Dardenne - critique
Très beau film des frères Dardenne !!
J’ai beaucoup aimé. Le duo d’acteurs amplifie le suspense de ce "drame social".
Un film très émouvant.