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Le 5 juillet 2005
Une étonnante incursion du côté du thriller dialectique.
Une étonnante incursion du côté du thriller dialectique.
Mettez-vous à la place de l’écrivain Daniel Silverman qui tire salement le diable par la queue. Comment refuser un chèque de douze mille dollars pour une conférence de quarante-cinq minutes ? Le hic, c’est que notre homme est juif, athée et homosexuel, autant dire qu’il représente l’incarnation du pire pour ses commanditaires, un groupe de chrétiens fondamentalistes. Le voilà parti cependant, direction le Minnesota, prêt à avaler toutes les couleuvres pour se refaire une santé financière. Hélas, ses hôtes auront raison de ses bonnes résolutions. Intégriste pur et dur, sûr de détenir la vérité, antisémite, anti-avortement, anti-évolutionniste, hostile à toute perversion, qu’elle soit sexuelle ou intellectuelle, le groupe qui l’accueille dépasse en rigidité tout ce que Silverman avait pu imaginer. Il sort de ses gonds, assène ses quatre vérités puis s’apprête à rentrer chez lui. C’est alors qu’une tempête hivernale se lève. Silverman est pris au piège...
Ce n’est pas du côté de l’intrigue proprement dite qu’il faut chercher les atouts de cet roman. Theodore Roszak n’est pas un grand scénariste mais peu importe, car il parvient à nous tenir en haleine avec d’autres recettes, bien plus subtiles. Roszak, avant d’être un écrivain de fiction, est un fin connaisseur des Etats-Unis, réputé pour ses ouvrages de critique sociale. C’est cette veine-là qui fait le vrai régal du Diable et Daniel Silverman. Un tohu-bohu d’une folle intelligence s’installe dans la tête de son héros. S’y entrechoquent ce qu’il dit, ce qu’il voudrait dire, ce qu’il se retient de dire pour ne pas envenimer la situation déjà assez critique. Face à lui, des personnages que le doute n’effleure jamais, enfoncés dans leurs certitudes et qu’aucun argument ne fera fléchir - au contraire, ils sont capables de les retourner tous à leur avantage. Sidérante et terrifiante assurance.
Là est le nœud de ce thriller, non pas dans les faits mais dans les cerveaux, dans la manière dont chacun utilise ses facultés intellectuelles, dans les dialectiques qui s’entrechoquent. Extrémisme contre tolérance : une brillante démonstration de ce dont est capable l’esprit humain pour emporter la conviction et où Silverman s’en sort haut la main, grâce à une capacité dont sont totalement dépourvus ses adversaires : l’humour. Un humour ravageur qui parcourt de bout en bout cette histoire pétrifiante qu’on voudrait croire à dormir debout. Mais qu’on est bien forcé, quand on s’intéresse au monde d’aujourd’hui, d’imaginer plausible...
Theodore Roszak, Le diable et Daniel Silverman (The devil and Daniel Silverman, traduit de l’américain par Edith Ochs), Le Cherche Midi, coll. "Néo", 2005, 420 pages, 18 €
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