Le Dernier Dragon . T.1 . L’Œuf de Jade - La chronique BD

En pleine hype du Feu et de la Glace, parler de dragon paraît étrangement naturel. C’est mal connaître Jean-Pierre Pécau, qui n’a pas attendu la saga de Georges R.R. Martin pour parler de donjons et autres créatures. Aussi, Le dernier dragon peut se voir comme un jeu de rôle uchronique médiéval particulièrement plaisant qui serait retranscrit en planches. S’il y a bien une quête, celle de l’œuf, vous ne trouverez pas de confrérie, mais bien une part belle réservée aux oubliées de l’Histoire, les femmes. Dans la lignée de La Geste des Chevaliers Dragons, le rapport matriarcal est exploité, l’histoire laissant libre cours à une dimension de sorcellerie et de dragons bien de type bien fantasy, mais aussi à une organisation du type Templier revisité au féminin. Une belle initiative, qui fonctionne parfaitement avec un ordre, une hiérarchie et des traditions qui font immédiatement sens. Et comme l’action se fait dure, mortelle très rapidement, le tout aspire le lecteur dans un sillage de souffre et de sang.

Jean-Pierre Pécau, Léo Pilipovic / Delcourt

Le dessin de Léo Pilipovic assoie également ce statut de série à potentiel de saga. Si l’épique d’un château, des écailles d’une bête, d’une cape flamboyante est inévitable, c’est davantage les défauts d’une armure, les bouleversements d’un siège sur des remparts, la diversité des os d’un cimetière qui permettent à ce premier de se sortir du lot de la fantasy d’un point de vue graphique. On ne doute pas que le dessinateur a en stock des lieux, des personnages et des situations qui vaudront le détour, et que ce premier tome n’était qu’un aperçu d’un univers.

Jean-Pierre Pécau, Léo Pilipovic / Delcourt

Complet et plein d’intrigue, L’Œuf de Jade inaugure une série dont le nom peut paraître déjà usé, mais dont les ressorts n’ont semble-t-il pas révélé tous leurs secrets. Il faudra donc composer avec cette croisade qui s’annonce palpitante.