Le 19 novembre 2019
- BD CULTE
- Scénariste : Tardi, Jacques>
- Dessinateur : Tardi Jacques
- Genre : Historique
- Date de sortie : 12 septembre 2002
A l’automne 2001, Tardi et Vautrin sortaient la Commune des oublis de l’histoire avec le premier tome du Cri du peuple. Un chef-d’œuvre, sur lequel ses auteurs ne se sont pas endormis. La deuxième partie, L’espoir assassiné, est de la même veine.
Une nuit de pluie en noir et blanc. Une enseigne de bordel qui ricane dans le vent. La deuxième partie du Cri du peuple, bande dessinée de Jacques Tardi adaptée du roman de Jean Vautrin, reprend l’histoire là où le premier tome l’avait laissée. L’histoire, la grande, celle de la Commune, ce "fantastique espoir de justice sociale". La petite aussi, celle des gens qui portèrent pendant deux mois et demi de 1871 cette "torche jamais éteinte" et qui éclairèrent "le monde conservateur de leurs utopies généreuses".
Sortie en octobre 2001, la première partie de la série, Les canons du 18 mars, avait fait du bruit, raflant l’Alph’art du public et l’Alph’art du dessin au festival d’Angoulême. Et plaçant du coup très haut la barre pour L’espoir assassiné. Lequel ne déçoit pas, au contraire. Les pistes ouvertes se précisent, les histoires - celles de Tarpagnan le déserteur amoureux, de la magnifique et sensuelle Pucci, d’Horace Grondin, de la Joncaille, de Fil-de-Fer, de Ziquet et des autres - se rejoignent, se recoupent, se rattrapent. Mais elles ne dépassent pas le coeur du récit, la Commune, qui gagne avec ces détours que l’on pourrait croire anecdotiques une intéressante épaisseur historique.
Voilà pour le coup de génie de Vautrin, qui a réussi à faire revivre avec brio cette période de l’histoire. Cela dans une langue colorée - le "pantruchois du petit peuple" - et avec un souffle épique que l’on sent porté par de profondes convictions : "L’installation de la Commune le 26 mars n’est pas conforme à l’idée cérémonieuse et amidonnée des fastes de nouveau régime. Elle est gueuse. Elle est crâne. Elle est spontanée. Elle est piquante comme un rire heureux. Elle n’a pas de raie au milieu. C’est un bouillon rouge."
Laissant toute sa place à ce texte et le mettant en mouvement, le dessin de Tardi est une fois encore de toute beauté. Son noir et blanc fait ici des merveilles, des scènes historiques à ces gueules de puciers, crapules et autres biffins qu’il croque de près. Le format à l’italienne, comme dans le premier tome, n’a rien de construit : il accélère le récit, lui donne une allure de grande fresque en cinémascope, et offre à Tardi la place pour de saisissants plans larges s’étalant parfois sur une double page.
L’album se termine avec la chute de la colonne impériale de la place Vendôme, alors que Thiers, ce "César en raccourci", planqué à Versailles, a reçu l’appui de Bismarck pour contre-attaquer. La Commune finira bientôt. L’espoir est assassiné. On le sait déjà. Mais on se réjouit déjà de lire le tome trois.
90 pages - 19 €
Adapté de Jean Vautrin.
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