Les débuts du cinéaste japonais Yokajirõ Ozu
Le 11 février 2020
Un jeune homme, ancien élève dissipé, aujourd’hui modeste employé d’une compagnie d’assurances, va prendre la défense d’un vieil employé injustement licencié. Précédé du court métrage "J’ai été diplômé...mais".
- Réalisateur : Yasujirō Ozu
- Acteurs : Tatsuo Saitō, Tokihiko Okada, Emiko Yagumo
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Japonais
- Durée : 1h30min
- Titre original : Tõkyõ no kõrazu
- Date de sortie : 15 août 1931
Résumé : Dans la cour d’une école, un professeur de gymnastique (Tatsuo Saitõ) a beaucoup de mal à se faire respecter par ses élèves, de grands adolescents. L’un deux, Okajima (Tokiho Okada) finit par être puni à titre d’exemple. On retrouve Okajima plusieurs années plus tard, en père de famille qui se prépare pour aller au travail. Son fils aîné (Hideo Sugaware), âgé d’une dizaine d’années, assez turbulent, réclame avec vigueur d’avoir un vélo en cadeau. Lui n’est pas très chaud, mais sa femme (Emiko Yagumo) essaie de le convaincre, car il doit toucher le jour même sa prime de fin d’année.
Notre avis : On comprend, dès les premières images d’Okajima adulte, que la crise touche le Japon. Il n’est pas sûr que sa prime sera aussi importante que celle de l’année précédente. Au bureau (une compagnie d’assurances), on comprend qu’il y a beaucoup trop d’employés pour l’activité réelle : il y a plusieurs salariés bien désœuvrés ! D’ailleurs, le patron profite de la remise individuelle des primes pour renvoyer son plus vieil employé, sous un prétexte pour le moins discutable. C’est ce qui va déclencher la colère d’Okajima, qui sera lui aussi licencié.
Ce film d’Ozu, incroyablement ancré dans la réalité sociale de l’époque, est aussi un modèle de cinéma. On passe de longs plans fixes en longs plans fixes passionnants, tout en étant surpris par des éclipses assez radicales, mais d’une redoutable efficacité. On est surpris, qui plus est pour un film muet, par le nombre incroyable d’informations et de sentiments qui émaillent l’histoire. On peut se demander, au début, quel est l’intérêt de la scène de prologue avec le cours de gymnastique. On le comprendra plus tard dans le film : elle est primordiale à l’évolution de l’intrigue.
On tient là un très grand cinéaste qui, dès ses premières réalisations, fait preuve d’une maîtrise et d’une inventivité hors pair.
Le court métrage
J’ai été diplômé...mais :
C’est un des tout premiers films d’Ozu, mais qui est en fait un long métrage dont la plus grande partie a disparu. Restent quelques plans qui permettent de retracer l’histoire globale. Un jeune homme (Minoru Takada), fraîchement diplômé de l’université, a des difficultés pour trouver un emploi. On ne lui propose qu’un poste de réceptionniste qu’il refuse. Sa mère et sa fiancée venant lui rendre visite, il feint d’avoir décroché un bon travail.
On ne sait évidemment pas ce que donnait le film complet, mais ces quelques plans sauvés sont d’une richesse et d’une modernité étonnantes. On intègre énormément d’informations en quelques minutes. On comprend les affres vécues par le jeune homme, qui ne veut pas s’abaisser à un travail où il se sentirait sous-employé et tous les subterfuges qu’il emploie pour berner sa famille. Cette réalisation laisse déjà entrevoir l’originalité d’un véritable auteur.
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