Le 2 novembre 2019
- Scénariste : Joann Sfar>
- Dessinateur : Joann Sfar
- Coloriste : Brigitte Findakly
- Editeur : Dargaud
- Date de sortie : 9 novembre 2002
Le chat du rabbin est de retour avec Le Malka des lions. Une nouvelle preuve du talent de Joann Sfar, qui reste pourtant dans l’ombre du premier album.
Qu’il n’y ait pas d’ambiguïté : le deuxième tome du Chat du rabbin, du prolifique Joann Sfar, est une réussite. Bonne histoire, personnages attachants, joli coup de crayon, très belles couleurs. Seulement voilà ce qui arrive quand on ouvre une série avec un album tutoyant le génie : les suivants ont vite fait de retomber dans le vouvoiement. Ainsi de La Bar-Mitsva et du Malka des Lions.
Rappel pour ceux - les malheureux ! - qui auraient raté le premier épisode. Dans une communauté juive d’Alger au début du siècle dernier, le chat du rabbin trouve la parole après avoir boulotté le perroquet de la maison. Il exige alors de son maître de pouvoir faire sa bar-mitsva et fait preuve d’une culture impressionnante (il peut citer par cœur des passages bibliques), d’un solide esprit critique (Dieu a fait l’homme à son image ? qu’on lui montre une image de Dieu) et d’une grande curiosité (est-ce que les disciples de son maître se masturbent ?). Il se rend compte aussi que la vie était plus facile quand il ne parlait pas. D’ailleurs, pour pouvoir rester avec sa maîtresse Zlabya, la fille du rabbin, il est obligé de se taire. Mais comme il le dit si bien, "ça vaut le coup de fermer sa gueule pour être heureux".
Le voici donc de retour avec La Malka des lions. Où il n’est plus le personnage principal, cédant sa place au rabbin d’abord (qui doit passer une dictée en français pour être reconnu par le consistoire israélite de France), à Malka ensuite, cousin du rabbin, capable de dompter un lion les yeux fermés (une supercherie dont le chat n’est pas dupe). Le chat, justement, se promène là au milieu, fil gris d’une histoire douce, drôle et intelligente, au message de paix entre les Arabes et les Juifs réjouissant (Sfar met notamment en scène avec humour son propre nom, aux origines juives et arabes). Invoquant le nom de Dieu en vain pour aider son maître dans sa dictée, le chat en perdra la parole et s’en trouvera condamné à voir sa maîtresse se marier sans pouvoir dire un mot.
Le dessin de Sfar n’a pas changé. Toujours une merveille de subtilité, de légèreté, de contours mouvants, d’aspects changeants, d’audace dans les arrière-plans. Un style à la fois enfantin et adulte, comme le chat du rabbin, ce qui tombe bien. Rien à reprocher à Sfar et à sa coloriste Brigitte Findakly de ce côté-là, bien au contraire. Ce qui manque ici, du moins depuis le deuxième tiers de l’album, ce sont simplement les mots du chat, leur folie, leur fraîcheur, leur naïveté, qui perdent de leur force réduits en pensées. Et qui faisaient de La Bar-Mitsva un album hors du commun. On en voudrait presque à Sfar de nous avoir rendus si exigeants.
48 pages - 12 €
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