Un book génial
Le 23 avril 2003
Longue fuite d’un ado, accusé à tort d’être l’auteur d’un carnage. Petit roman deviendra culte ?
- Auteur : DBC Pierre
- Editeur : Editions du Seuil
Critique : Peter Finlay alias DBC Pierre... DBC, comme "Dirty But Clean", ainsi surnommé par un pote quand il était ado. Etrange paradoxe pour l’auteur d’un roman qui relève, excusez du peu, du coup de génie. Disons, pour planter le décor, que nous sommes dans la petite ville de Martirio, Etat du Texas, où Jesus, un lycéen d’origine mexicaine, vient de dézinguer à coups de flingue une bonne quinzaine de ses camarades avant de retourner le fusil contre lui. Jusque là, rien de plus qu’un sordide et banal fait divers au coeur de la bonne vieille Amérique blanche et bouseuse.
C’est Vernon, l’ami de Jesus, qui explique son histoire. Vernon Gregory Little... Tout simplement parce que c’est à lui qu’on veut faire porter le chapeau. Un frangin de galère de Holden Caufield, taillé comme lui dans la même pierre, élevé à la même école, parlant la même langue. L’assassin s’est suicidé mais les flics, les journalistes et la population, ont besoin d’un coupable. Un vrai, bien vivant, offert en pâture à la vindicte populaire. Un "bouc hémisphère" comme le dit Vernon. Pas de doute, si Vernon était l’ami de Jesus, il est forcément complice, ça peut pas être autrement. Il a beau clamer son innocence, personne ne l’écoute. Pas même sa mère, obsédée par ses réunions Weight Watcher, amourachée de Lally, faux journaliste et vrai escroc, qui veut transformer l’histoire de Vernon en un beau paquet de dollars. Du coup, il choisit la pire des solutions. Se carapater et fuir l’agitation médiatique.
Vernon, c’est la voix de l’Amérique délaissée par un système social en perdition. La voix d’un ado qui voudrait s’en sortir mais dont les mains sont liées depuis qu’il est tout gosse. Ses désirs de richesse et d’ascension n’ont jamais existé. Condamné, dès son plus jeune âge... Son rêve c’est de rallier le Mexique, le pays sans nuages et des maisons en bord de mer. Fuir, une bonne fois pour toutes, le pays où contre une promesse de carrière, les journalistes achètent des témoignages. Mais tout n’est pas si simple, ce serait trop facile...
Portrait au vitriol d’une Amérique conservatrice et complètement maboule, terre de la surenchère et de la justice spectacle, analysée par un môme à qui elle taille un costard dans lequel il surnage et qu’elle condamne sans autre forme de procès. DBC Pierre emmène son personnage jusqu’au bout de l’absurde. On y croit à cette aventure, le doute n’est jamais permis. Car, dans un pays où un petit rien peut prendre des proportions gigantesques, l’histoire de Vernon sonne malheureusement juste. Si Salinger souhaitait un digne héritier littéraire, DBC Pierre peut prétendre à la première place sur son testament.
DBC Pierre, Le bouc hémisphère (Vernon god little, traduit de l’anglais par Philippe Aronson, avec la collaboration d’Alexandre Gouzou), Seuil, 2003, 313 pages, 18 €
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29 décembre 2004
Le bouc hémisphère - DBC Pierre - critique
Franchement, même si beaucoup crient au chef d’oeuvre, ce livre n’en n’est pas un pour moi.
Je l’ai lu, contrainte et forcée mais si cela n’avait pas été le cas, je l’aurais refermé très vite.
Ce que je reproche à ce livre ? Un vocalubaire outrancier, vulgaire ; une femme qui n’a aucun dicernement et aucune volonté, qui eleve ses enfants n’importe comment, qui n’a pas le sens des responsablilités etc. En fait, DBC Pierre fait passer son "heros" pour un raté de 1er ordre (soit), pour un désaxé et sa mère Doris, pour une femme du XVe siècle pour sa liberté de mouvement, et pour une gamine de 10 ans pour sa vie de mère et ses responsabilités familiales. Et surtour ses "gros mots" et images obsenes qu’il nous inflige !
En gros, si vous voulez offrir un livre en cadeau choississez une valeur sure et non pas un livre parce qu’il est primé (et encore ce n’est pas en France !)