Le 17 mai 2016
- Scénariste : Henri Labbé>
- Dessinateur : Alexis Robin
- Série : Dominique Henry
- Collection : Encrages
- Genre : Drame, Chronique sociale
- Editeur : Delcourt
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 1er janvier 2016
L’Italie du début des années 1970, les années de plomb et la poussière des espérances
Résumé :
Ils sont jeunes, encore un peu insouciants, plein d’idéaux et d’espérances. Dans une Italie divisée entre ses extrêmes, des groupuscules fascistes aux Brigades rouges, étudiants et ouvriers doivent choisir leur camp, ou éviter d’être pris par le plomb des attentats. Car pour ces personnages, ce n’est pas le Destin qui est au rendez-vous, mais l’Histoire.
© Delcourt
Notre avis :
De part son format, un tome de plus de deux cent pages, mais aussi par son contenu, une œuvre à mi-chemin entre la fiction et l’Histoire, La Poussière du plomb est avant tout un ouvrage ambitieux. À tous les niveaux, le trio Henri Labbé, Dominique Heinry et Alexis Robin propose une voie difficile mais audacieuse. Côté scénario, c’est en commençant par le drame, puis en imposant un flash-forward de trente ans, que débute l’histoire. Une histoire avec des gens simples, qui ne cesse de se complexifier, tout en restant très vraie, très authentique. Tragique dans sa simplicité. Touchante dans sa proximité. Il y a plusieurs héros et héroïnes, qui vont et viennent au gré de la vie et de leurs liens avec l’actualité sociale de leur époque. Celle d’une Italie déchirée, d’une instabilité politique, d’émancipation de la jeunesse qui touche alors le monde entier. Ces personnages, ils sont aux marges de tout : de l’action politique, de la mafia, du banditisme, de tous les dangers qui les guettent, jusqu’à ce que l’un d’entre eux choisisse de faire un pas de travers. Ou plusieurs d’entre eux, faisant plusieurs pas, revenant sur le droit chemin. Chacun a ses problèmes, de la jalousie amoureuse au conflit familial, son passé plus ou moins chamboulant, ses fréquentations plus ou moins louches, mais tous ont cette fraîcheur, cette bonté qui les relient et donne envie de continuer le récit jusqu’au bout, en espérant une fin heureuse pour ce petit groupe.
© Delcourt
Côté graphique, le rendu quasiment monochrome des pages, en changeant de couleur pour situer l’époque, est un pari réussi : le jaune pour le soleil italien, le bleu de la grisaille parisienne, un court passage de vert pour un nouveau départ, une nouvelle saison... Les visages sont donc sensibles aux ombres, aux expressions, et les drapeaux n’ont de couleur que celui qu’on leur donne. Tout le monde, riches ou pauvres, terroristes ou policiers, chacun est réuni par cette couleur obsédante, qui peut parfois lasser mais donne un caché encore une fois authentique, comme ce sépia des anciennes photographies, cette érosion d’une époque révolue, qui s’effacerait peu à peu si elle n’était pas racontée.
© Delcourt
Ouvrage ambitieux enfin car s’il n’est pas un Romanzo Criminale, La Poussière du plomb est une œuvre qui mêle de tout : une chronique sociale de la jeunesse de son temps, le récit d’une affaire policière (inspirée d’une affaire réelle, l’affaire Battisti), un regard politique sur une époque troublée finalement pas si éloignée, tout en gardant une distance très objective. Les personnages font leurs propres choix, parfois lâches, parfois courageux, doivent choisir entre idéal compliqué et argent facile, ne sont pas rompus à la violence ni à l’amour, comme beaucoup dans leur situation. Exemplaire donc dans sa conception, ce récit complet ne manque pas d’atouts pour séduire, à l’image de l’Italie qu’il raconte.
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224 pages - 23,95 €
Galerie Photos
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