Après un premier roman remarqué, Jusqu’aux os, en 2003, Claudine Galea revient avec un court texte, Le bel échange, qui tente d’explorer le mystère des âmes et des corps liés par une relation sado-masochiste. Une annonce sans équivoque passée dans un journal, un couple qui se forme, Pauline et sa maîtresse, celle qui raconte. Le texte alternera les scènes de dressage de Pauline, et le souvenir, encore douloureux pour la narratrice, d’une histoire d’amour défunte. Il y aurait eu beaucoup à dire, dans la relation en miroir de ces deux femmes prises dans une spirale où le sadisme de la maîtresse n’est rien d’autre qu’un masochisme par procuration, où il s’agit de s’humilier soi-même à travers l’autre, d’expier une histoire d’amour que l’on n’a pas su retenir. Il y aurait eu à dire, aussi, sur l’essence de cette relation SM, ses règles, son contrat, le balisage qui en fait une relation consentie, contrôlée. "Il n’y a pas de règles à la pornographie." La relation SM offre précisément la liberté, là où la pornographie asservit parce que tout peut y arriver.
On sent, sous la plume de Claudine Galea des pistes se profiler avant de disparaître. Comme une difficulté à manier le fantasme, et surtout l’utiliser pour justifier son propos, la démarche SM. A force de ne pas aller au bout des choses, elle rend ses procédés stériles, et tout l’intérêt de cette relation entre deux femmes disparaît dans ce qui pourrait passer pour un effet de mode.
Il reste l’écriture, très maîtrisée, mais on a le sentiment que l’auteure s’est fourvoyée dans un thème qui lui a échappé, peut-être par excès d’ambition, et il n’en reste qu’une histoire un peu inachevée, et frustrante de s’approcher parfois si près du but.