L’Homme à la tête de vis et autres histoires déjantées - La chronique BD

Il y a du Poe et du Pratchett dans ce petit recueil sans prétention mais non sans humour, en apparence sans queue ni tête. Pourtant, entre la tête de vis et la queue du serpent, ces petites histoires achèvent de montrer le talent de Mike Mignola, celui de conteur d’une part, celui de poète d’autre part. Ce monde fantastique, où les pyramides côtoient Mars, où les démons charlatans et les haricots magiques s’entremêlent, n’est pas si éloigné de celui de Hellboy. La magie la plus obscure ne l’empêche pas d’être utilisée à des fins les plus ironiques, et, si morale il y a, elle ne peut s’empêcher de donner à la fois un horizon sérieux et étrange, mais toujours avec un enrobage d’humour patenté. Ambiance décontractée, que l’auteur prévient dès la préface, prétextant une invention sur un coup de tête pour sa fille, des fragments d’imagination qui ne pouvaient se développer en histoire complète, un coup de chapeau quand on sait qu’une fois publiée, ces nouvelles avaient rencontré un franc succès, et des prix Eisner en pagaille.

Mike MIGNOLA, Dave STEWART / Delcourt

Pas de surprise côté dessin, la patte de l’auteur est bien là : du démon glouton, du pistolet steampunk, du gaz chimérique, du zombie combattant, les ingrédients qui ont fait le succès sont toujours de la partie. Il y a cependant quelques additions : les indications du conte, avec des éléments plus petits, plus mignons, si tant est que le style le permette, et même si les couleurs restent dans les tonalités sombres et des teintes obscures, le ton permet un décalage sympathique, presque incongru.

Mike MIGNOLA, Dave STEWART / Delcourt

Petit mais costaud, ce recueil n’est pas sans surprises, si ce n’est le style inimitable qui subsiste à travers cinq histoires à la fois drôles et pas loin de la parabole. Les amateurs pourront d’ailleurs se régaler avec la version animée, en version originale :