Le 10 mars 2024
Claude Leblanc raconte une histoire incroyable qui repose sur le travail de deux hommes : Katsuishi Nagai et Sanpei Shirato, les co-fondateurs de Garo, tous deux décédés aujourd’hui. Il parvient à condenser l’histoire d’un magazine de manga, mais aussi à restituer l’ambiance qui devait régner dans les bureaux de Garo.
- Auteur : Claude Leblanc
- Editeur : IMHO
- Genre : Essai
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 17 novembre 2023
- Plus d'informations : Site de l’éditeur
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Résumé : « La Révolution Garo 1945-2002 » revient sur les conditions de la naissance, du développement, de la renommée et de la fin du magazine Garo, recueil de manga japonais, resté précurseur et innovant sur presque quatre décennies d’existence.
Critique : Connaît-on Garo ? Il s’agit d’un mensuel paru au Japon entre 1964 et 2002, soit presque quarante ans. Fondé par un entrepreneur du livre, Katsuishi Nagai, et un auteur reconnu pour ses séries ninja, Sanpei Shirato, Garo visait à éduquer les enfants sur les difficultés politiques et sociales du Japon d’après-guerre par la fiction et le manga. Paradoxalement, Garo a davantage parlé aux étudiants qui étaient en révolte dans les années soixante qu’aux plus jeunes. Shirato y publiait sa nouvelle série "Kamui-den", qui racontait le combat d’un homme au Moyen Âge nippon pour dénoncer l’exploitation du peuple par l’État. C’est de là que qu’on peut dater le succès d’estime de Garo qui, malgré de faibles tirages par rapport à ses concurrents clairement plus commerciaux, est devenu de plus en plus connu.
Comment cela est-il possible ? Pourquoi ce choix de revendications ? C’est ce que nous raconte Claude Leblanc tout au long de ces trois cents pages.
Pensé comme magazine pour enfants visant à créer une prise de conscience, Garo est devenu plus adulte, revendicateur, puis s’est mué en un périodique d’avant-garde où les styles nouveaux fleurissaient, et enfin en un mensuel culturel, avant de s’éteindre presque sans un mot.
Claude Leblanc parvient à replacer l’évolution de Garo dans le contexte politico-social du Japon des années soixante, soixante-dix, puis quatre-vingt et quatre-vingt dix. Il nous raconte comment, tour à tour, le magazine trouve un écho dans une société en colère, puis perd son public dans un pays assagi, vaincu par la société de consommation.
Il nous dévoile également, en ponctuant son texte d’extraits d’entretiens avec des auteurs de mangas ou des membres de la rédaction qu’il a rencontrés, l’atmosphère qui régnait dans les locaux de Garo. Certes, sont évoquées les difficultés, avec les problèmes économiques, les bureaux quasi insalubres, les tensions entre Nagai et Shirato, mais il est aussi question de l’émulation et de l’esprit d’entente qui liaient les participants autour des fondateurs.
En outre, l’ouvrage évoque un panel d’auteurs qui sont passés par Garo avant de trouver la gloire. La liste, qui n’est pas exhaustive, s’avère quand même impressionnante, avec Shigeru Mizuki, futur auteur de Kitaro le repoussant, Yoshiharu Tsuge, qui publiera La Vis et Le Marais, Yoshihiro Tatsumi, qui signera Une vie dans les marges, et bien d’autres encore, sans oublier bien sûr le Kamui-den de Sanpei Shirato, le seul qui était connu avant de publier dans Garo.
On pourrait lire cet ouvrage d’une traite tant les événements sont entraînants même si, quelques fois, petit bémol, les faits s’enchaînent, avant que la chronologie ne soit contrariée par des analepses et ne perde quelque peu son lecteur.
En tout cas, comme le dit Claude Leblanc dans sa conclusion, ce livre est le premier à retracer toute l’histoire de Garo, à évoquer aussi la naissance de AX, un autre magazine qui s’inscrivit dans le même sillon, et à montrer combien incroyable et fructueuse a été cette collaboration entre Nagai et Shirato, jusqu’à la rupture.
Cet ouvrage est un classique indispensable à avoir pour tout passionné de manga, au sens large.
300 pages – 24€
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