Le 19 mai 2022
Un couple en crise se retrouve dans Un village de pêcheurs de coquillages dont l’homme est originaire. Ce premier film ambitieux de la jeune Agnès Varda, qui mélange documentaire et fiction, annonçait l’arrivée de la Nouvelle Vague.


- Réalisateur : Agnès Varda
- Acteurs : Philippe Noiret, Silvia Monfort
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Français
- Distributeur : Ciné-Tamaris
- Editeur vidéo : MK2 Video
- Durée : 1h26mn
- Date télé : 10 août 2022 21:00
- Chaîne : OCS Géants
- Date de sortie : 4 janvier 1956

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Résumé : Dans un petit village de pêcheurs près de Sète, un homme (Philippe Noiret) qui en est originaire, y revient, quelques jours avant sa femme (Sylvia Monfort) qu’il attend et avec qui il va tenter d’éviter une séparation.
Critique : Agnès Varda, toute jeune photographe attachée au TNP (Théâtre National Populaire), se lança un peu par hasard dans cette première aventure cinématographique. Jusque-là, peu intéressée par le Septième Art, elle n’avait pas vu plus de dix films, rapporta t-elle plus tard. Toujours est-il qu’elle imagina cette histoire double, en y utilisant Silvia Monfort et Philippe Noiret, deux des comédiens de théâtre qu’elle connaissait par son travail de photographe.
Le récit mêle à la fois la vie ordinaire des pêcheurs locaux, et celui d’un couple en crise. D’un côté, les habitants (les pointus), jouant leurs propres rôles, qui vivent déjà avec difficultés, sont en but à des inspecteurs du contrôle sanitaire. Cette partie, extrêmement réaliste, montre la vie très modeste des familles du lieu, entre travaux quotidiens, repas avec les enfants, actes de solidarité face aux inspecteurs, ou encore le déroulement d’une journée de fête entre joutes en bateaux et bal populaire. Elle relève d’un talent documentaire qui sera ensuite prédominant dans la carrière de la cinéaste.
L’autre partie, concernant les échanges du couple, très stylisée par contre, un peu bergmanienne, avec des dialogues déclamés, est peut-être un peu trop sophistiquée jusqu’à atteindre une certaine abstraction. Alain Resnais, qui a travaillé au montage, y a peut-être apporté une certaine influence.
Les deux sujets, qui ont peu en commun, à part le lieu, semblent opposer, la "vraie" vie des villageois aux problèmes d’un couple qui représente le monde du théâtre : un peu artificiel, mais relevant d’une belle exigence.
Ce premier long métrage, reconnu comme précurseur de la Nouvelle Vague, reste, malgré ses faiblesses, une œuvre étonnante et ambitieuse d’une jeune cinéaste qui alternera toute sa vie fiction et documentaire.