Le 28 juillet 2020
La cinéaste Agnès Varda retrace sa carrière, lors de conférences intitulées "causeries". Avec sa malice et son empathie habituelles, la célèbre réalisatrice revient sur plus de soixante ans de films. Elle disparaîtra quelques jours après la sortie du documentaire.
- Réalisateur : Agnès Varda
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Distributeur : Ciné-Tamaris
- Durée : 1h54mn
- Date de sortie : 13 février 2019
- Festival : Festival de Berlin 2019
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Résumé : Agnès Varda retrace sa carrière au cours de diverses conférences appelées "causeries", émaillées d’extraits de ses films. Le documentaire est présenté en deux causeries : la première revient sur la période de ses débuts en 1954 à l’année 2000, et la seconde de 2000 à 2018.
Critique : Ce film, présenté hors compétition à la 69ème Berlinade, est d’autant plus émouvant qu’il est sorti à peine quelques jours avant le décès de la cinéaste, survenu le 29 mars 2019.
Agnès Varda revient sur l’ensemble de sa carrière de réalisatrice par petites touches, par anecdotes, ou par une idée qui en amène une autre, un peu comme si elle picorait dans sa mémoire, tout en respectant le fil de la chronologie.
Photographe de théâtre, elle se lance à vingt-cinq ans, en 1954, dans la réalisation de sa première production La Pointe Courte, alors même qu’elle ne connaît rien aux techniques du cinéma, qu’elle n’est pas du tout cinéphile (elle le deviendra plus tard) et ne dispose que d’un budget des plus modestes.
Elle affirme son style dès cette œuvre, mélangeant scènes de fiction assez théâtralisées et images proches du documentaire, évoquant la Pointe Courte, quartier pauvre de Sète, dont elle est originaire. Durant toute sa carrière, elle alternera ainsi fictions intégrant une dimension didactique, et documentaires avec des parties totalement mises en scène.
Ce premier film sera souvent considéré comme précurseur de la Nouvelle Vague. Agnès Varda, qui ne se laissera jamais enfermer dans une catégorie, nouera néanmoins des relations avec ces nouveaux cinéastes : notamment Alain Resnais, Chris Marker, Jean-Luc Godard et bien sûr Jacques Demy, qui sera son mari de 1962 jusqu’à sa mort en 1990. Elle l’évoquera pudiquement à travers son hommage Jacquot de Nantes, sorti en 1991.
De ses débuts à 1995, elle alternera ainsi fictions et documentaires, courts ou longs métrages. Dans Varda par Agnès, on apprend que sa dernière comédie, Les cent et une nuits de Simon Cinéma, relève d’une commande qui lui a été faite pour célébrer les cent ans du septième art. Elle a pour cela convoqué tout le gratin du cinéma français (en une liste impressionnante), et même fait tourner un Robert De Niro qui s’exprime en dans la langue de Molière ! Le film fut un tel insuccès qu’elle ne reviendra jamais au récit d’invention.
A partir de 2000, elle deviendra aussi artiste plasticienne, sera exposée, et pour le cinéma, découvrira les nouvelles possibilités offertes par les caméras numériques. Elle tournera moins, affectée par une maladie qui touche la vue.
Dans toute son œuvre, quelle que soit la forme choisie, elle sera un témoin avisé des grands sujets de société comme le féminisme, la société de consommation et ses dérives, les laissés-pour-compte, l’art sous toutes ses formes, avec une part plus ou moins marquée d’autobiographie selon les films (y compris lors de sa parenthèse américaine). On y retrouve toujours beaucoup de malice, d’empathie pour ses semblables et un petit côté fourre-tout assumé, qui permet de qualifier son style de "cinéma-brocante".
Varda par Agnès représente une belle leçon de cinéma par la réalisatrice la plus marquante de sa génération, mais aussi une belle leçon de curiosité sur le monde, et au final une vraie leçon de vie.
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