Le 9 mars 2017
Parfaitement ficelé, le dernier concept album d’abstract hip hop du prolifique Al’Tarba brille par sa noirceur atmosphérique jusqu’au-boutiste.
- Date de sortie : 3 mars 2017
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Notre avis : "Le bail ça va être, Frank Zito qui rôde dans une ville très très bresom, avec M le Maudit, et s’bastonne avec Alex DeLarge et Travis Bickle pour finir en gardav chez l’flic de Maniac Cop... Des sirènes de polices, des ruelles sales, des bouches d’égouts qui fument et des tortues ninjas sous kekra ! V’la l’programme !" Sous les conséquences de flemmingite aiguë, voilà de quoi aurait pu se constituer la chronique de La Nuit se Lève, la nouvelle galette malade d’Al’Tarba. Merci, au revoir. Parce qu’au final (oui du coup on va quand même détailler un peu), ces 3 phrases blindées ras-la-tronche de références caractérisent parfaitement l’esprit de ce nouveau délire concocté par un maître de l’abstract hip hop. Inutile de chercher dans cette descente aux enfers ces références de manière concrète, le protagoniste du projet ne croisera pas Raphael au détour d’une rue, et ne partagera à aucun moment un verre de moloko avec Alex DeLarge et ses droogies, en revanche, et c’est finalement encore mieux, l’album, dans son ambiance, réunit tous ces univers déglingués et tarés.
Quasi-exclusivement constitué de morceaux instrumentaux une fois les interludes mis de côté, La Nuit se Lève est une plongée dans un mélange d’influences débouchant sur un foutoir stylistique oppressant et diablement entraînant. Toujours exemplaire dans sa découpe de sample, Al’Tarba fracasse la rationalité de l’auditeur par ses morceaux démoniaques, insondables dans ses musicalités tant le beatmaker emprunte pour ses morceaux aussi bien du côté du boom bap, que de la trap, que de l’éléctro, que de la dubstep (et bien d’autres), pour une invitation à perdre la tête au fil des pérégrinations d’un anonyme au sein d’une ville anonyme. Une ville hors du temps par l’entremêlement de scratchs surpuissants (merci DJ Nix’on sur Starship Loopers), de samples à l’ancienne, avec des sonorités (rétro)futuristes inscrivant cette capitale du salace au milieu de nul part temporellement, avec pour seule attache concrète avec l’auditeur la violence inondant ces rues crades. En rade d’argent, sans but vraiment défini sinon retourner une ville déjà sens dessus dessous, le fil conducteur de cette balade nocturne nous gratifie de quelques rencontres à base de politesses, de punchlines cinglantes et de coups de feu, le tout dialogué par Virus et son sens de l’écriture digne des plus grands dialoguistes français.
Apothéose de sa démarche, Al’Tarba conclue avec brio La Nuit se Lève avec un morceau éponyme, en featuring avec Virus et son flow inhospitalier, comme un générique de fin en forme d’aboutissement à cette univers très cinématographique (en évitant l’erreur de simplement résumer la parcours de son personnage), inspiré par le 7ème art et inspirant le 7ème art à l’auditeur. Presque une bande originale rattachée à un film inexistant, le projet, par la violence de ses mélodies et son ambiance morbide bien tenue, alternant à des morceaux enragés (Now More Fighting, qui lui-même contient déjà des césures stylistiques) d’autres plus aériens et calmes (She’s Endorphine et la voix souffreteuse de Bonnie Li), réussit à conserver sa cohérence à chaque instant. La Nuit se Lève évite soigneusement les trop gros écarts de sonorités entre les pistes, fourmillant déjà de samples en apparence contradictoires. Pourtant, en roi des machines et de la découpe, Al’Tarba lie les pans de sa culture et de son imagination pour un album commun, délimité par son concept. Le résultat détonne et impressionne par sa capacité à secouer l’auditeur aussi violemment que pourrait le faire un film coup de poing.
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