Le 22 septembre 2015
- Scénariste : Patrice Ordas>
- Dessinateur : Xavier Delaporte
- Coloriste : Sébastien Bouet
- Genre : Historique
- Editeur : Grand Angle
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 1er avril 2015
- Durée : 1
La Nuit de l’Empereur nous ramène à l’époque de la campagne de Moscou. Napoléon, les poilus, les cosaques, tout est là pour une BD certes historique, mais laissant la part belle à l’action et au suspense.
Résumé :
Napoléon a conquis Moscou. Enfin, en apparence. Les russes mènent la vie dure à l’empereur au point de sacrifier leur belle capitale. En plein cœur de l’hiver, Napoléon doit donc plier bagage. Mais en plus des cosaques sauvages et hostiles, l’Empereur est confronté à un complot interne, des ennemis dans son propre camp qui trament sa mort. A qui faire confiance ? Napoléon semble avoir choisi Martel, pourtant royaliste convaincu, qui se retrouve assigné à la surveillance personnelle de l’Empereur. Va s’imposer un troisième personnage inattendu, la comtesse Danilova. Et ce curieux trio va tenter de déjouer un complot qui risque bien de changer le cours de l’histoire.
Notre avis :
Le récit prend pour cadre la retraite de Moscou. Mais au lieu de partir sur une narration historique des événements et des tragédies qui ont ensanglanté cette retraite, Patrice Ordas choisit de raconter une fiction. Une fiction fondée sur ce mystérieux complot et ces tentatives d’assassinat de l’Empereur. Et il entraîne le lecteur derrière Martel, ce maréchal des logis-major royaliste, mais surtout homme d’honneur, qui se met au service de la France avant l’Empereur. La comtesse Danilova apporte la touche féminine. Mais loin d’en faire une aristocrate qui sursaute au moindre coup de fusil, Ordas lui donne un rôle fort et la noble sait manier le sabre et le pistolet et ne recule pas devant l’idée de donner la mort.
Nous ne vous dévoilerons pas les rouages et la tournure que prennent les événements, vous en avez appris déjà beaucoup. Sachez néanmoins que ce tome constitue la première partie d’un diptyque et vous ne saurez donc pas le fin mot de l’histoire à la fin du volume. Mais vous apprendrez d’où vient le titre de ce premier opus et qui sont « Les Vieilles Moustaches » !
Certes, tout ce petit monde regorge de beaux sentiments, d’honneur et de patriotisme mais cela est bien contrebalancé par la violence des événements et la trahison de certains français. Le récit est intéressant mais nous avons trouvé qu’il manque un peu de tension. Sans doute car on sait que Napoléon va s’en sortir. Martel est sympathique mais peut-être trop parfait pour être vraiment attachant. La comtesse, avec ses zones d’ombre, tire mieux son épingle du jeu.
Il est une certitude, c’est qu’on ne sait comment va tourner le tome deux à l’issue de cet opus et c’est une très bonne chose.
A côté de la fiction, Ordas s’attache à recréer l’ambiance historique de l’époque. Il utilise régulièrement pour cela le vocabulaire des vétérans de l’armée Napoléonienne. Dans leur manière de parler, apparaît déjà un autre temps. Il manque peut-être ce charisme inhérent à Napoléon, cette force intérieure qui fait qu’on ne peut douter un instant que cet homme a su créer une armée qui se sacrifierait pour lui. Les faits nous le montrent mais le personnage, beaucoup moins.
Bien sûr, à côté de cela, il y a tout l’aspect visuel qui nous plonge immédiatement dans cet hiver tragique. Pour cela, Xavier Delaporte a effectué un très beau travail graphique.
Le dessinateur a opté pour un trait qui rappelle l’esquisse. Pas de finesse, mais plusieurs tracé qui se chevauchent, créent le relief, les ombres. L’aspect réaliste est apportée par le mélange entre l’encre de Delaporte et les couleurs de Sébastien Bouet. Regardez les personnages de près, leurs visages où les traits se multiplient. Le double effet de ce choix et que dans certaines situations, les faces changent légèrement et c’est plus la forme du visage qui permet de reconnaître un personnage que ces traits. Regardez attentivement Martel ou Danilova au fil des pages, et même Napoléon.
Ce choix peu courant peut surprendre le lecteur. Mais ce tracé trouve sa force dans l’utilisation des ombres, les décors perdus dans la fumée de l’incendie de Moscou, les arbres se dressant au clair de lune, les personnages de l’arrière-plan se fondant comme des tâches noires dans ces lieux esquissés. Et surtout, c’est dans les scènes d’action que le trait de Delaporte dévoile sa force. Les chevaux au galop, qui cabrent sous la mitraille, les corps qui se heurtent, sabre au clair, les hommes qui s’abritent ou se font surprendre par les explosions et les balles sifflantes. Le tout est renforcé par ce rouge du feu et du sang qui s’oppose et contraste avec le noir de la nuit.
Si bien qu’on se prend à regretter qu’il n’y ait pas plus d’espace pour laisser s’exprimer les corps.
Sans doute la contrainte de devoir boucler l’aventure en deux tomes de 48 pages.
Du coup, l’histoire adopte un découpage très serré. Cela contribue certes à enfermer les personnages dans leur situation complexe et accentue l’effet de siège et la notion de complot répandu autour du trio principal. Et ce découpage varié offre certes des planches allant de trois à cinq bandes de une à cinq cases, alternant avec talent horizontalité et verticalité. Mais pour quelques pages à trois bandes, la majorité joue sur quatre bandes et quand même une partie sur cinq bandes. Cela offre des planches vraiment condensées où on a parfois du mal à prendre la mesure de l’espace et des lieux, afin de situer nos combattants les uns par rapport aux autres.
Mais d’un autre côté, cela peut renforcer aussi votre immersion en plein cœur des combats, perdus comme les héros au milieu des hommes, alliés ou ennemis, du plomb qui déchire et des espaces plus ou moins clos.
Le cadrage sait utiliser les amorces afin de créer des compositions intéressantes. Les cases d’une bande nous permettent d’avoir des plans d’ensemble pour poser des situations. Souvent, l’armée de Napoléon face à l’hiver Russe. Les gros plans, à cause du souci des traits de visage évoqués plus haut, ne permettent pas forcément de faire ressortir les émotions des personnages. Ce qui est peut-être une des causes du fait que nous ne nous sommes pas complètement attaché à ces hommes et ces femmes.
La Nuit de l’Empereur propose une BD historique intégrant une véritable histoire de fiction, ce qui change un peu des opus précédents de Grand Angle sur la première guerre mondiale par exemple. Les choix graphiques apportent une force à l’histoire mais présentent aussi, selon nous, quelques faiblesses. Nous serions néanmoins surpris qu’à la fin de ce premier tome, vous n’ayez pas envie de connaître la suite.
Feuilletez les premières pages de la BD en cliquant sur l’image ci-dessous :
MODE LECTURE :
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Zéda rencontre Napoléon !
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