Sur un tube de Vasco
Le 6 avril 2012
Un beau mélo familial qui ravive la flamme d’un cinéma populaire et engagé dont le secret semblait perdu. Prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes 2010 pour Elio Germano.
- Réalisateur : Daniele Luchetti
- Acteurs : Raoul Bova, Elio Germano, Luca Zingaretti, Giorgio Colangeli, Isabella Ragonese, Stefania Montorsi, Alina Madalina Berzunteanu
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Italien
- Durée : 1h40mn
- Titre original : La Nostra Vita
- Date de sortie : 6 avril 2011
- Plus d'informations : http://www.advitamdistribution.com/...
- Festival : Festival de Cannes 2010
L’argument : Claudio, ouvrier dans le bâtiment, travaille sur un chantier dans la banlieue de Rome. Il est très amoureux de sa femme, enceinte de leur troisième enfant. Un drame inattendu va soudain bouleverser l’insouciance de cette vie simple et heureuse. Pour survivre, Claudio va affronter avec rage l’injustice intime et sociale qui le touche. Le soutien de sa famille, de ses amis et l’amour de ses enfants vont l’aider à réussir le pari de la vie.
Notre avis : Alors que Mio fratello è figlio unico tentait, à travers l’adaptation du roman d’Antonio Pennacchi Il fasciocommunista, de dresser un tableau à la fois historique et politique des années 60 et 70, le nouveau film de Daniele Lucchetti (Il portaborse 1991) se veut en phase avec l’Italie d’aujourd’hui et s’attache à décrire la vie de gens appartenant, comme il le dit lui-même, « à cette classe sociale qui était autrefois celle des prolétaires, mais qui aujourd’hui n’a plus de mot précis pour la définir ».
Bien qu’attentif « à éviter toute commisération et tout détachement », le cinéaste filme au plus près et à fleur d’émotion l’histoire de la famille De Rosa et surtout de ce jeune père de famille confronté au deuil et mû par « l’ambition, le désir de revanche et le déni de la douleur ».
Malgré l’acuité de son regard documentaire sur le quartier HLM tout neuf de la périphérie de Rome où se déroule l’essentiel de l’action et la justesse avec laquelle il capte la violence d’une société qui a perdu bon nombre de ses garde-fous traditionnels, Luchetti n’échappe pas toujours au folklore (Ari, le proxénète paraplégique interprété par Luca Zingarelli), ni aux écueils du discours sociologique un peu court et convenu.
Il a parfois tendance à mettre la vérité dans la bouche de personnages secondaires réduits à cette fonction de porte-parole, de préférence des « étrangers » : les ouvriers extra-communautaires non déclarés du chantier, Celeste la compagne sénégalaise d’Ari (« Vous autres Italiens ne pensez qu’à l’argent »), la Roumaine Gabriela et surtout son fils Andrei (Marius Ignat) qui se voit assigné le rôle ingrat de la « mauvaise conscience » du héros.
Les acteurs sont tous justes et émouvants mais Luchetti fait (un peu trop) reposer le poids du film sur les épaules d’Elio Germano (Claudio), présent dans quasiment tous les plans et dont la verve et l’énergie impressionnent. Son interprétation lui a d’ailleurs valu à Cannes le prix d’interprétation masculine. Mais lorsqu’à l’enterrement de sa femme Claudio s’égosille sur le tube de Vasco Rossi Anima fragile, alors qu’on l’avait déjà vu chanter à tue-tête avec elle quelques scènes plus tôt, le spectateur, pris dans l’étau émotionnel, peut être tenté de se rebeller.
Sensible à la part d’utopie (familiale, mais aussi politique) à laquelle reste attaché l’auteur du très beau Domani accadrà (1988) on regrette que Luchetti, dans La nostra vita soit un peu trop habile à imbriquer drame familial, comédie de mœurs et drame social mais on admire la manière franche dont il ose le mélo et réussit par moments à raviver la flamme d’un cinéma populaire et engagé dont le secret semblait perdu.
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Jujulcactus 30 juillet 2011
La nostra vita - La critique
Drame social par excellence, « La Nostra Vita » c’est le drame et le social désolidarisés l’un de l’autre autour d’un même homme : le décès de sa femme et sa vie de chantier compliquée. J’ai été surpris de voir que c’est cette deuxième trame qui prend peu à peu le dessus sur la première qui est pourtant au centre du premier tier du film et qui, il faut avouer, est franchement bon. Un point de départ réussi donc, doté d’une jolie émotion et d’un grand réalisme que les sous-intrigues de milieu de film viennent briser, souvent inintéressantes et plates, elles enlisent le rythme du film. Les déboires d’argent du héro (très belle interprétation à mettre au crédit d’Elio Germano - couronné à Cannes) semblent être la préoccupation première du réalisateur qui laisse sur le bord de la route les thèmes du deuil et de la famille qu’il avait commencé à (bien) effleurer... Le film perd peu à peu charme et intérêt initiaux, le scénario s’en va... Bien réalisé, bien interprété, « La Nostra Vita » est un drame bercé par la lumière du soleil romain et qui réserve de beaux moments mais qui malheureusement manque de profondeur et surtout de consistance dans son ensemble pour toucher.