Ton absence - la critique du film

Anecdote libertaire aux couleurs de l’Italie, Ton absence emprisonne l’existence derrière les parenthèses du quotidien.

L’argument : 1974, Rome. Guido est un artiste qui aimerait faire partie de l’avant garde contemporaine mais sa femme, Serena, qui l’aime passionnément, a du mal à accepter son art et surtout son intérêt pour ses modèles... Leurs fils, Dario et Paolo, 10 et 5 ans, sont les témoins de leur irrésistible attraction, de leurs échecs, de leurs trahisons, de leurs perpétuels marchandages amoureux...

Notre avis : Daniele Luchetti perpétue les travers de son précédent long-métrage, La nostra vita, et enfile les sujets en cascade comme autant de perles de verre. En Ton absence, le metteur en scène italien fait résonner à l’unisson une cacophonie de thèmes jetés pêle-mêle. Pourtant réalisateur prolixe, il s’enlise dans les méandres de la chronique familiale hédoniste.

© Emanuela Scarpa

L’artiste médiocre, aveuglé par sa recherche vaine d’originalité, noie ses inspirations conventionnelles dans les bras de ses muses. Sa femme, coquette caractérielle lasse de ses aventures extra-conjugales, prend le large le temps d’un été et découvre en France une liberté sentimentale et sexuelle qu’elle croyait perdue à jamais. Accessoires malmenés par ces institutions égoïstes, les deux enfants de ce couple apprennent à leurs dépends l’égoïsme humain. Mais malgré ces déconvenues, au-delà de ces absences, la vie est belle...
Film de vacances au charme caduc, Ton absence a un goût de nostalgie où se perdent les idées. La recherche perpétuelle d’une nouvelle définition de l’Art, l’émergence du féminisme dans les années soixante-dix, l’adoration idoine vouée par les enfants à leurs parents... Effleurés avec tendresse, tous ces sujets sont délaissés par Daniele Luchetti, s’acharnant, à l’instar de son protagoniste principal, à retranscrire à l’écran la vitalité de ses obsessions créatives. Sans être autobiographique, le long-métrage dévoile les premières expériences du cinéaste avec l’ennuyeuse constance de l’attendu.

© Emanuela Scarpa

De chacun des personnages de Ton absence se dégage le charme suranné d’ombres mortes. Ni la prestance de Kim Rossi Stuart, ni la chaleur de Micaela Ramazzoti ne suffiront à raviver la flamme d’un amour fantasmé solaire. Ode à la vie fatalement simpliste, le film de Daniele Luchetti n’est pas à la hauteur de nos espérances...